Espagne - vers une guerre de l'eau ?
2 avril 2008
Sécheresse chronique et eau de plus en plus rare pour la troisième année consécutive, les réserves en eau sont globalement insuffisantes dans une bonne partie de la zone méditerranéenne. Au nord comme au sud, plusieurs pays ou régions vivent déjà au rythme de restrictions plus ou moins sévères, et par endroit le manque d’eau vire à la crise aiguë. C’est le cas notamment en Espagne du nord est de la Catalogne, où les réserves baissent constamment depuis quelques années. Le gouvernement autonome catalan restreint très strictement la consommation d'eau tout en tentant d'acheter de l’eau à d’autres provinces espagnoles qui refusent. C'est une guerre de l'eau très politique qui se profile.
La crise est ouverte non seulement au sein de la catalogne, mais aussi entre cette région autonome et le pouvoir central à Madrid, et entre la catalogne et les autres régions d’Espagne. Barcelone deuxième ville d’Espagne par sa population, capitale de la Catalogne, est la plus menacée avec des réserves hydriques au rouge. La ville se heurte à une cascade de refus de l’approvisionner en eau, refus de la province voisine de Tarragone tout d’abord, refus également de la région sud d’Almeria, le but étant d’acheminer l’eau par bateau de ces deux régions mais aussi de France vers le port de Barcelone. Comme le fameux plan hydrologique national qui proposait de pomper l’eau du fleuve de l’Èbre pour la redistribuer a été gelé, reste pour la Catalogne à réfléchir aux moyens de réduire la consommation. Depuis cette semaine et pour la première fois de sévères sanctions sont en vigueur pour punir tout gaspillage de l’eau, allant de 30 euros l’amende pour le lavage de voitures à l’eau potable jusqu’à 3,000 euros pour par exemple le remplissage des piscines ; réduire la consommation en attendant donc la pluie, ou encore la réalisation d’une grande station de dessalement d’eau de mer à Barcelone prévue en principe pour 2009.
Sécuriser l’approvisionnement en eau potable est désormais l’un des grands défis des prochaines années, tout spécialement au Maghreb et en Méditerranée. L’Algérie par exemple a choisi la solution de dessalement de l’eau de mer: 13 grandes stations sont programmées dans le plan quinquennal 2005-2009 et 11 contrats de construction sont d’ores et déjà conclus, le dernier datant d’hier. Il s'agit du projet de Ténès à l’ouest d’Alger, qui livrera en 2010 une station d’une capacité de 200,000 mètres cubes/jour.
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