Biodiversité - sonnette d'alarme pour le Maroc et l'Egypte
4 avril 2008,
adapté de Aziz Ben Marzouq, source :
L'Economiste
Avec plus de 2.000 espèces animales et végétales menacées d’extinction, le Maroc est le pays du bassin méditerranéen où la biodiversité est la plus alarmante, d’après les données d’un rapport d’Eurostat, l’Office européen des statistiques, sur la biodiversité en Méditerranée.
Le cri d’alarme que lancent les experts d’Eurostat a de quoi inquiéter. Alors que la liste rouge de l’UICN dénombre aujourd’hui quelque 16.120 espèces menacées dans le monde dont 12% des espèces d’oiseaux connues, 23% des mammifères et 32% des amphibiens, les pourcentages sont encore plus élevés dans les neuf pays méditerranéens (1) étudiés dans le rapport d’Eurostat, avec des moyennes de 14% pour les oiseaux (31% pour le Maroc), 39% pour les mammifères et 49% pour les amphibiens. En chiffres absolus, c’est le Maroc qui, avec 2.183 espèces animales et végétales menacées d’extinction, détient le triste record, suivi de l’Egypte (1.011), de l’Algérie (490), d’Israël (486) et de la Tunisie (476). Le cas de la flore est le plus frappant: sur les 7.000 espèces identifiées au Maroc, quelque 1.650 espèces seraient menacées, c’est-à-dire une espèce sur quatre.
Selon le rapport, l’impact énorme du tourisme sur les écosystèmes serait l’une des causes les plus importantes de la dégradation de la biodiversité dans les pays méditerranéens. Devant l’ampleur de ces menaces, un nombre croissant de zones protégées a été mis en place; on en dénombrerait plus de 4.400 dans tout le bassin méditerranéen (nord et sud), s’étendant sur près de 96 millions d’ha (7% du total mondial). Les zones désignées au niveau national dans les neuf pays étudiés dans le rapport d’Eurostat ne couvrent actuellement qu’une superficie de 115.194 km2, soit 2,52% de leur superficie totale. Un chiffre plutôt faible au vu de l’objectif de 10% affiché par le Congrès mondial sur les Parcs de l’UICN et en comparaison avec les 12% de surfaces protégées dans la partie méditerranéenne de l’Europe. Avec une quinzaine de zones protégées d’une superficie de quelque 673.000 ha, soit à peine 0,95% de la superficie totale du pays, le Maroc se situe très loin derrière des pays comme Israël (19,9%) ou l’Egypte (9,83%) et fait à peine mieux que la minuscule Palestine (0,92%). S’ils saluent ces premiers pas menant à un processus de protection de la riche biodiversité méditerranéenne, les auteurs du rapport d’Eurostat notent par ailleurs que le recensement statistique des zones protégées dans cette région reste assez complexe eu égard à la multitude des systèmes de classification. Idem pour les objectifs de gestion qui, dans la plupart des pays méditerranéens, «ne seraient pas toujours clairement identifiés ou assignés»; sans parler de la qualité des données collectées qui peuvent présenter des biais telles que des divergences dans le nombre d’espèces connues que les experts d’Eurostat mettent sur le compte des «différences d’intérêt et d’efforts de recherche entre les pays de la zone».
La région méditerranéenne possède des zones biogéographiques parmi les plus rares au monde ainsi qu’une biodiversité de première importance. Et sur les 25.000 espèces connues de plantes méditerranéennes (9,2% des espèces identifiées dans le monde sur un territoire représentant seulement 1,5% de la surface terrestre), la moitié sont particulièrement bien adaptées notamment aux périodes sèches et ne se trouvent nulle part ailleurs dans le monde. Pour ce qui est de la flore, le nombre d’espèces connues va de 641 espèces en Syrie jusqu’à 6.990 espèces au Maroc. Les populations méditerranéennes les plus importantes sont les fougères et les herbiers de Posidonie (Posidonia oceanica). La diversité animale est également riche avec de grandes populations d’invertébrés, notamment en ce qui concerne les insectes (environ 30.000 espèces connues en Israël, 13.400 au Maroc). Pour les oiseaux, quelque 500 espèces seraient connues comme étant permanentes dans les pays riverains de la Méditerranée où elles se reproduisent. Les poissons marins et d’eau douce constituent le 3ème ensemble le plus nombreux en termes de diversité d’espèces, notamment dans un pays comme le Maroc qui a la particularité d’être bordé par l’Atlantique et la Méditerranée. La diversité d’espèces de reptiles et d’amphibiens est également importante en particulier dans les régions arides comme au sud du Maroc (98 espèces connues), en Syrie (127 espèces) ou encore en Israël (105 espèces).
(1) Algérie, Egypte, Israël, Jordanie, Liban, Maroc, Palestine, Syrie et Tunisie.
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