Rapp. Comm. int. Mer Médit., 36,2001
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Introduction
La contribution détritique du continent à la mer transite par les ?euves
avant d'alimenter le plateau, la marge et le bassin adjacent. Le milieu estua-
rien et la zone marine qui lui est soumise se caractérisent par la présence
de forts gradients dynamiques, physicochimiques et sédimentologiques[3].
Leurs interactions, dans le cadre géomorphologique local, définissent les
conditions de sédimentation au débouché du ?euve [4]. Dans l’estuaire de
l’oued Soummam, plusieurs campagnes de prélèvement ont eu lieu dont
nous extrayons une synthèse (Fig. 1).
Prélèvements et méthodologie 
La station de prélèvement dénommée «Station Pont», est située sur le
pont de la R.N. 36 dans l'axe du ?e 
ve à 500 mètres environ de l’embou-
chure; quand les conditions hydrologiques le permettaient une autre station,
dénommée «Station Embouchure», située à 100m. de l'estuaire a fait l'objet
de prélèvement (Fig. 2). Chaque station, exécutée sur une verticale dans
’ 
xe de l’oued, comprend un échantillon prélevé à chaque demi mètre
depuis la surface jusqu'au fond. La tranche d’eau échantillonnée, à l’aide
d’une bouteille lestée dont l’ouverture et la fermeture commandées depuis
la surface, est épaisse de 10 cm. Les échantillons d'eau ainsi recueillis ont
fait l'objet de filtrations sur filtres Nuclépore de 0,4 µm de porosité pour la
concentration du matériel en suspension (mg/l) et des filtres en microfib 
s
de verre Whatmann GF/C pour le pourcentage de carbone organique de ces
matériaux par combustion à l’analyseur de carbone [5].
Les charges solides en suspensions
La plus grande partie du matériel fin provient des affluents qui drainent
les régions à ?yschs et les formations marneuses de l’arrière pays. Les dif-
férentes situations échantillonnées montrent un écart très élevé entre les
valeurs des charges mesurées en période d'étiage et celles relevées lors des
crues (Fig. 3). Le maximum de turbidité est observé au début des premières
pluies d'automne. Ceci correspond au «lavement» des bassins versants
après une longue période sèche. Ainsi la charge solide en suspension à
l'embouchure de l'oued Soummam, mesurée près du fond lors de la crue du
11/10/1987, est égale à 209,38 g/l. La majeure partie du matériel en sus-
pension est émise pendant les crues.
Le carbone organique particulaire (COP) 
Les pourcentages en carbone orga-
nique particulaire (COP) varient entre
des valeurs maximales à plus de 17%
et des valeurs minimales de l'ordre de
quelques dixièmes du pour- c e 
n t
(Fig.3). Comme pour les teneurs en
suspensions, les taux de COP mon-
trent un écart important entre les plus
fortes et les plus faibles va 
l e 
.
Toutefois ces taux montrent une
variation inverse des teneurs en sus-
pensions: aux forts pourcentages de
COP correspondent de faibles teneurs
en suspensions.
Les relations COP/suspensions
Le caractère saisonnier prononcé,
bien marqué par la variation des
teneurs en COP et en charge détri-
tique, incite à considérer plusieurs
types de suspensions.
* la suspension de crue se traduit par une charge élevée en matériel détri-
tique (de l'ordre du g/l à plusieurs dizaines de g/l) et par un faible taux de
COP (de l'ordre de 0,1% à 0,01%); cette suspension est essentiellement
minérale;
* la suspension de fin de crue montre quant à elle une charge du matériel en
suspension de l'ordre de 0,1 à 1 g/l et un taux de COP de l’ordre de 1 à 2%;
* la suspension du début de l'étiage s'enrichit quelque peu en COP (teneurs
de 2 à 5%) mais la charge du matériel en suspension devient plus faible
(inférieure à 0,1 g/l);
* la suspension d'étiage se caractérise par les taux les plus élevés en COP
(supérieurs à 10 %) tandis que la teneur du matériel en suspension reste
faible (inférieure à 0,01 g/l).
Conclusion
La dynamique du matériel en suspension obéit donc au facteur clima-
tique auquel est soumis l'oued Soummam. Lors des crues, le matériel en
suspension est dominé par des particules presque exclusivement de nature
minérale. Pendant les décrues la quantité d’apports diminue ; la suspension
est marquée par une réduction du matériel terrigène. Pendant le début de
l'étiage et lors de l'étiage, les apports terrigènes se raréfient, l'écoulement
devient faible et l'ensoleillement est intense ; il y a là autant de facteurs qui
favorisent le développement de l'activité biologique génératrice de carbo-
ne organique. Ceci explique aisément l’augmentation du COP% observée
dans la suspension d'étiage.
Références
1- Leclaire L., 1972. La sédimentation holocène sur le versant méridional du
bassin algéro-baléares (précontinent algérien). Mém. Mus. Hist. Nat. Paris,
Sér. C, Sci. Terre, 25, 289pp.
2 - Benslama L., 1997. La sédimentation actuelle en baie de Béjaïa : rôle de
l’oued Soummam. Thèse de Magistère, IST/USTHB.
3 - Pauc H., 1989. L'intrusion saline et la dynamique des matériaux en suspen-
sion au contact ?uvio-marin: régime de crue et régime d'étiage dans l'Oued
Mazafran (Ouest algérois). Marine Geology, pp. 95-102.
4 - Lignon Y. et Pauc H., 1972. Exemple d’utilisation de la méthode d’analyse
de variance : traitement des données hydrologiques et sédimentologiques pro-
venant de l’embouchure du Grand Rhône. Bull. Union des Océanographes de
France, 8 : 36-44.
5 - Cauvet G., 1983. Distribution du carbone organique dissous et particulaire
en Méditerranée Occidentale. Rapp. Comm. int. Mer Médit., 28 (7): 101-105.
CARACTERES DU MES EN MILIEU ESTUARIEN SOUS CLIMAT MEDITERRANEEN MERIDIONAL :
EXEMPLE DE L’OUED SOUMMAM, BEJAÏA (ALGERIE).
Lazreg Benslama 
Laboratoire de géologie marine FST / USTHB, El Alia, Alger,Algérie
Résumé
Le golfe de Béjaïa est un talus d'accumulations détritiques [1]. Les dépôts superficiels sont largement tributaires des apports continentaux
issus essentiellement de l'oued Soummam. Le volume et la nature des apports sont soumis aux précipitations et à l'écoulement de l’oued.
Le régime d’écoulement se manifeste par un comportement chaotique de crues momentanées lors desquelles l'essentiel des apports solides
est émis [2]. Les apports en suspensions sont marqués par le facteur saisonnier. L'étiage est le plus souvent prolongée du mois d'avril au
mois d'octobre En période de crues, la charge solide est élevée: elle est de l'ordre de 2 g/l. La nature argilo-détritiques des particules y est
prédominante. En période d’étiage, la charge solide en suspension est supérieure à 10 mg/l; elle est riche en matière organique.
Mots clés : MES, Carbone organiques, Apports, Embouchure,
Fig. 1. Localisation.
Fig.2. Localisation des sta-
tions
de prélèvements.
1 Station Pont;
2 Station Embouchure
Fig.3.
Répartition
du MES et
du COP