ANALYSE DIACHRONIQUE (1949 À 2000) DE L’ÉVOLUTION DU TRAIT DE COTE 
DE PART ET D’AUTRE DE L’ESTUAIRE OUM ER RBIA (MAROC)
Abkhar Fatima
1*
, Bendahhou Zourarah
2
, Carruesco Christian et M. Labraimi
4
1
Département de géographie, Faculté des Lettres et Sciences Humaines, Eljadida, Maroc - fatimaabkhar@yahoo.fr
2
Département de Géologie Faculté des Sciences, Eljadida, Maroc
3
Département de Géologie et Océanographie Université de Bordeaux I, France
4
Laboratoire Géologie Marines, Faculté des Sciences, Rabat, Maroc
Résumé
L’analyse diachronique (entre 1949 et 2000), à partir de photo interprétation du trait de côte de part et d’autre l’estuaire de l’Oum-Er-Rbia,
montre que ce littoral sableux présente un bilan sédimentaire négatif lié d’une part, à la conjonction de phénomènes naturels (hydrody-
namisme, hydrologie), et d’autre part à l’action anthropique (aménagement du bassin versant, sur-exploitation des sables…)
Mots-clés : Maroc - Oum Er Rbia -Trait de côte - Aménagement- Erosion
Rapp. Comm. int. Mer Médit., 37,2004
3
Introduction
L’Oum Er Bia est le cours d’eau le plus régulier du Maroc. Son
débit annuel moyen est de 117m
3
/an. Son bassin versant a été amé-
nagé depuis le début des années 20 et un certain nombre de barrages
hydrauliques ont été construit le long de son cours. Les apports
solides, estimés dans la station la plus en aval du cours, sont de l’or-
dre de 10.10
6
T/an (1). Une grande partie de ces apports est retenue
dans les barrages en amont de l’estuaire et le transfert des sédiments
vers le milieu marin est conditionné par les lâchés de ces barrages.
La zone d’étude est in?uencée par des vents de secteur Ouest à
Sud-Ouest. Les houles dominantes sont WNW avec des coefficients
de réfraction qui varient entre 1,38 et 1,62 (2). Les houles du Nord-
Ouest peuvent déterminer une dérive inverse à la dérive générale qui
est Nord -Sud dans l’embouchure. La marée est de type semi-diurne.
L’objectif de cette étude est de déterminer l’évolution du trait de
côte de part et d’autre de l’estuaire en relation avec les facteurs envi-
ronnementaux. Cette étude entre dans le cadre de la mise en place
d’un plan d’aménagement durable du littoral de la région des
Doukkala.
Matériel et méthodes
Deux types de documents ont été utilisés: des cartes topogra-
phiques 1/25 000 et des séries de photos aériennes verticales couvrant
la période entre 1949 et 2000. Ces documents ont été comparés et
analysés de manière à obtenir des taux moyens de recul et d’avancée
de la ligne de rivage. Cette analyse s’appuie sur un traitement infor-
matisé par l’intermédiaire de logiciel de type SIG.
Discussions et conclusion
L’étude de l’évolution du trait de côte a permis d’individualiser
trois grands secteurs sédimentaires, dont les vitesses d’érosion et
d’accrétion sont variables et in?uencées par les agents morphody-
namiques et les actions anthropiques (Fig. 1):
Fig. 1. Situation de la zone dÕtude et évolution du trait de côte de part
et d’autrede l’estuaire Oum Er Rbia entre 1949 et 2000.
1-Le secteur de l’estuaire, caractérisé par une dissymétrie avec un
poulier sur la rive gauche. Ce poulier a connu un recul important de
4,6m /an entre 1949 et 2000 (Station 1). Cependant, durant cette péri-
ode, le recul le plus important se situe entre 1984-1988 avec
21,25m/an. De même, entre 1984 et 2000, la ?èche (Station 5) a
connu une avancée spectaculaire (18,5 m/an entre 1984 et 1988) ce
qui re?ète la tendance à l’accumulation et la mise en place du crochet
dans la partie interne de la ?êche et le rétrécissement de l’entonnoir
de l’embouchure de l’Oum Er Rbia de l’Ouest vers l’Est. Cependant,
le musoir sur la rive droite a connu une érosion moyenne annuelle de
3m (Station 2), pendant ces cinquante années. Depuis 1984 la zone de
musoir a présenté une tendance à l’accumulation.
2-Le secteur de la plage d’Elhaouzia (Station 7) est caractérisé par
une accrétion re?étant une avancée de la ligne de côte, le taux de la
moyenne annuelle entre 1949 et 2000 est de 0,3 m à 3,9 m. Cette
accrétion est accentuée pendant la période 1984-1988 (14 m pour la
satation 3 et 3,5m pour la station 7).
3-Le secteur de la plage d’Azemmour est marqué par une forte éro-
sion, qui génère un recul du trait de côte d’une moyenne annuelle de
4 m. Cette dégradation s’est accrue dès 1984 avec un taux moyen
annuel de 19,5 m (Station 4).
En effet, le secteur d’étude est caractérisé par une dérive littorale et
un transit parallèle à la côte, de l’Est vers l’Ouest (3).
La variation du trait de côte est le résultat de la conjonction des fac-
teurs naturels et /ou anthropiques. Les facteurs naturels sont en rela-
tion avec le réchauffement global et la fonte des glaces; la valeur
moyenne de recul des côtes à l’échelle mondiale est 1,5mm/an ce qui
peut expliquer la tendance à l’érosion. L’action anthropique est en
relation avec les aménagements du bassin versant ce qui a provoqué
le piégeage des apports au niveau des barrages. La construction de la
digue de Sidi Daoui en aval (1985) a provoqué une baisse importante
des apports liquides et solides.
Actuellement, le littoral de la région est caractérisé par l’extraction
abusive de matériaux, pour répondre aux besoins du secteur de la con-
struction et des travaux publics, avec la croissance démographique et
le développement socio-économique des deux agglomérations Azem-
mour et de Sidi Ali. Ce phénomène est venu aggraver le déséquilibre
à la côte.
Bibliographie
1-Snoussi M., 1986. Nature, estimation et comparaison des ?ux de
matières issues des bassins versant de l’Adour (France), du Sebou, de
l’Oum-Er-Rbia (Maroc). Impact du climat sur les apports ?uviatiles à
l’océan. Thèse De doctorat d’Etat Es Sciences, Université de Bordeaux I,
390 p.
2-Chaibi M., 2003. Dynamique sédimentaire et morphogenèse actuelle
du littoral d’El Jadida, Thèse de doctorat en géographie physique, Univer-
sité de Aix Marseille, 235 p.
3-Zourarah B., Carruesco C., Labraimi M., Rebouillon P., 2002. Evolu-
tion spatio-temporelle des teneurs en métaux lourds dans les sédiments
fins de l’estuaire Oum-Er-Rbia (Maroc): implications environnemen-
tales. Journal de Recherche Océanographique, Vol. 27, Fasc. 2.