DISPONIBLE SÉDIMENTAIRE ET MODÈLES CONCEPTUELS D’ÉVOLUTION MORPHODYNAMIQUE
DES BARRES SÉDIMENTAIRES D’UNE PLAGE MICROTIDALE (SÈTE, FRANCE)
R. Certain, J-P. Barusseau *
Université de Perpignan, Faculté des Sciences, LEGEM, 52 Avenue Paul Alduy, 66860 Perpignan Cedex, France
Résumé
Dans un environnement littoral sableux microtidal (Sète, France), la quantité de sédiment présent sur l’avant-côte (ou disponible sédimen-
taire) a été définie et les modèles conceptuels de la morphodynamique du système de barres sédimentaires ont été établis. Il semble que la
disponibilité en sédiment in?uence ces modèles évolutifs et puisse être un critère pour définir le niveau de vulnérabilité d’une plage.
Mots-clés: Morphodynamique / plages sableuses / barres sédimentaires / modélisation conceptuelle / disponible sédimentaire / sismique THR
Rapp. Comm. int. Mer Médit., 37,2004
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Le littoral sableux de Sète (France), avec son avant-côte à barres
sédimentaires, est un des trois sites d’étude de l’Action de Recherche
Thématique 7 du Programme National d’Environnement Côtier
(PNEC). Ce site a été choisi en raison de son caractère microtidal
dominé par la houle et des longues séries temporelles de données dis-
ponibles. Le caractère dissipatif de la plage et rectiligne des barres est
en concordance avec les classifications usuelles des plages de type
dominé par la houle [1, 2], en fonction de la granulométrie, de la pente
et des hauteurs de houle enregistrées sur le secteur.
Sur ce site, deux démarches ont été suivies: une quantification des
volumes de sédiments sableux présents sur l’avant-côte à partir de
prospection sismique THR [3] et la caractérisation de modèles évolu-
tifs conceptuels relatifs à la morphodynamique des barres.
Les volumes sableux sur l’avant-côte ont été estimés en trois sec-
teurs du lido de la lagune de Thau à Sète afin d’appréhender leur
répartition et le lien éventuel qui pourrait exister avec le transport de
dérive littorale, estimé à plusieurs dizaines de milliers de m
3
par an.
Ainsi, un site amont-transit, un site aval-transit et un site en position
intermédiaire ont été prospectés. En amont-transit, à Sète, là où l’éro-
sion est la plus forte avec un recul du trait de côte de 50 m en 50 ans,
le volume sableux contenu sur l’avant-côte du site est le plus faible
(200 000 m
3
)[4]; Ce volume augmente dans le sens de la dérive lit-
torale pour devenir maximum (500 000 m
3
) en aval transit, à Mar-
seillan, où le trait de côte prograde [5]. Il semblerait qu’on puisse
mettre en relation la quantité de sédiment présent sur l’avant-côte, ou
disponible sédimentaire, et les tendances évolutives des plages. Là où
le réservoir sableux est appauvri, la tendance évolutive des plages est
négative et, à l’opposé, les plages associées à des réservoirs impor-
tants ne semblent pas souffrir de l’érosion.
Les principaux résultats morphodynamiques obtenus montrent
l’existence de 2 modèles conceptuels d’évolution des barres sédimen-
taires en réaction à la variabilité météo-marine.
(1) Le modèle d’«oscillation autour d’une position d’équilibre»
(O.P.E) traduit le régime ordinaire du comportement des barres, avec
des reculs et des avancées successifs [6]. Les barres migrent vers le
large lors des tempêtes et vers la côte lorsque les conditions énergé-
tiques diminuent. Cette oscillation s’exprime à plusieurs rythmes: (i)
à l’échelle des grandes phases évolutives des barres, qui sont de
longues périodes durant lesquelles les barres présentent les mêmes
caractères géométriques. Le passage de l’une à l’autre de ces phases
se produit lorsque survient une tempête dont la hauteur significative
excède 4 m; (ii) à l’échelle saisonnière, ce qui est bien illustré par le
comportement de la barre interne: durant l’été, lorsque les conditions
d’agitation sont faibles, la barre vient s’accoler ponctuellement au
rivage; quand les conditions d’agitation augmentent en automne, la
barre interne se reforme et recule vers le large.
(2) Le modèle de “net offshore migration” (N.O.M) pointe la ten-
dance à un recul des barres sous l’effet d’évènements paroxystiques
(tempêtes de probabilité vingtennale à cinquentennale) préludant à
leur dégénérescence [7-10]. A partir de la position d’équilibre, la barre
externe recule fortement et s’abaisse suite au coup de mer. Au lieu de
revenir à la côte (modèle OPE), la barre externe perd du matériel au
profit de la barre interne et dégénère. La barre interne, exposée à la
houle, se met alors à reculer pour remplacer l’ancienne barre externe,
une nouvelle barre interne étant créée à la côte. En quelques années
après l’événement déclencheur, la disposition standard est restaurée.
A partir de ces deux approches, il semble qu’on puisse affiner la
notion de disponible sédimentaire. Le disponible sédimentaire repré-
sente la quantité de sédiment accumulé sur l’avant-côte à l’échelle
séculaire. Une partie de ce stock peut être remobilisé lors des grandes
phases évolutives du système de barres à l’échelle pluriannuelle
(décrites précédemment), c’est le sédiment mobilisable. A l’échelle
des coups de mer, des quantités moins importantes de sédiment peu-
vent aussi être déplacées, le sédiment mobile. Ces notions sont impor-
tantes à l’heure d’établir un diagnostic sur l’état de santé d’une plage.
Pour les sites en forte érosion, comme le littoral du nord de la lagune
de Thau, les notions de disponible sédimentaire et de sédiment mobi-
lisable sont confondues, ce qui signifie que la totalité du stock sableux
peut être remobilisée lors des grandes phases évolutives des barres. Il
semble qu’on dispose là d’une nouvelle méthode de détermination du
niveau de vulnérabilité d’une plage. De plus, il semble que lorsque le
disponible sédimentaire n’est pas suffisant, les modèles évolutifs eux-
mêmes peuvent être perturbés.
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