L’USAGE DE L’ANALYSE DE LA FORME AVEC DES POINTS HOMOLOGUES (LANDMARKS)
POUR DETERMINER LE MORPHO-ESPACE DE DEUX COMMUNAUTES LITTORALES
A. Lombarte* et L. Recasens
Institut de Ciències del Mar (CMIMA-CSIC), Barcelona, Catalonia, Spain - * toni@icm.csic.es
Résumé
Nous avons étudié deux communautés littorales de poissons du point de vue de l’analyse de la forme : 26 espèces d’une communauté
rocheuse et 28 d’un récif artificiel placés à la même zone et la même profondeur. La distribution des espèces dans les deux milieux est très
similaire. Les analyses séparent dans un bout du plan les poissons plats, dans l’autre les espèces épibentoniques et au milieu les espèces
nageuses épibentoniques ou pélagiques.
Mots clés: écomorphologie, analyse de la forme, Teléosteéns, communauté littorale
Rapp. Comm. int. Mer Médit., 37,2004
391
Introduction
La répartition des ressources dans une communauté peut se déter-
miner à partir de l’analyse des caractéristiques morphologiques (1).
Un des problèmes des analyses morphologiques est la quantification
de la forme. On a utilisé traditionnellement des mesures linéaires du
corps d’identification facile ou de codifications numériques de la
forme (1). Ces mesures expriment les differences de taille mais non
celles de la forme. L’analyse des points homologues (landmarks) a des
avantages puisqu’elle quantifie correctement les différences de forme
et permet d’interpréter facilement la variabilité morphologique (2).
Materiel et méthodes
On a choisi deux subcommunautés littorales de poissons
Teléostéens: l’une appartient à une zone de roches placées autour d’un
fond de sable vaseux et l’autre est une zone de récifs artificiels placés
entre 18 et 25 m de profondeur. On a analysé 28 espèces pour la sub-
communauté du récif artificiel et 26 pour la communauté de roches.
On a pris de photographies digitales du coté gauche de tous les spéci-
mens (au moins 3 photographies par espèce). On a calculé l’abondan-
ce moyenne (numéro d’individus par pêche) et le poids moyen pour
chaque espèce. À partir des images digitales on a calculé 27 land-
marks (Fig. 1) et on a obtenu les warps relatives avec les TpsDig v. 1
et TpsRelw 1.24 software (2).
Résultats et conclusions
Chaque espèce est représentée pour la moyenne des points x, y et z
des trois premiers axes, le grandeur du point et la couleur expriment
respectivement la taille du poisson (en poids moyen) et l’abondance.
L’analyse des composants principals de la subcommunauté du récif
artificiel (Fig. 2) accumule 80,69% du total de la variabilité morpho-
logique dans les trois premiers axes et l’analyse de la subcommunau-
té de roches (Fig. 3) 76,47% de la variabilité. Les résultats sont com-
parables et montrent une distribution des espèces très similaire. Dans
un bout du plan on situe des espèces de poissons plats de sables
vaseuses, et à l’autre bout on situe des espèces épibentoniques qui
vivent autour des récifs ou des roches. Enfin, dans la zone intermédia-
re on trouve des espèces nageures épibentoniques ou pélagiques.
L’analyse de warps apparait comme un outil approprié pour décri-
re et interpréter l’espace morphologique d’une communauté. Il expri-
me à la fois le phénomène de ségrégation de la forme, la taille et la
densité dans une communauté, donc des espèces similaires en forme
ont des tailles et/ou abondances différentes en faisant minime la
concurrence.
Remerciements. Ce travail a été subventionné par la Direction
Générale des Pêches et Affaires Maritimes de la Generalitat de
Catalogne.
Bibliographie
1-Motta, P. J., Clifton, K. B., Hernandez, P., Eggold, B. T., 1995. Eco-
morphological correlates in ten species of subtropical seagrass fishes: diet
and microhabitat utilization.Env. Biol. of Fishes,44: 37-60.
2-Rholf, F. J., 2001. TPS Dig 1.31 and TPS relative warps Software, State
University of New York at Stony Brook.
Fig. 1. Distribution des 27 landmarks choisis pour chaque espèce analy-
sée.
Fig. 3. Analyse des composants principaux à partir des warps des 26
espèces d’une zone de roches.
Fig. 2. Représentation des 3 premiers axes de l’analyse des composants
principaux à partir des warps des 28 espèces du récif artificiel.
