MISE EN EVIDENCE D’UNE FORTE ACTIVITE PHOSPHATASIQUE CHEZ LES LARVES DE CIRRIPEDES
Gérard Boge, Simone Richard *, Leatitia De Sousa
LEPI-PROTEE, Université de Toulon et du Var, La Valette, France - boge@univ-tln.fr
Résumé
Les larves de Cirripèdes sont des organismes zooplanctoniques qui possèdent une activité phosphatasique spécifique particulièrement
forte. Elle agit sur des substrats intracellulaires et possède une faible affinité pour le paranitrophényl phosphate. Elle est stimulée par l’eau
de mer et notamment par le magnésium et le sodium. Elle est inhibée de façon compétitive par les ions orthophosphate, et présente un opti-
mum à pH 8,2.
Mots clés: phosphatase alcaline, cirripèdes
Rapp. Comm. int. Mer Médit., 37,2004
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Introduction
Ce travail a été consacré à la mise en évidence et à l’étude des
caractéristiques biochimiques de l’activité phosphatasique d’orga-
nismes zooplanctoniques marins: les larves de Cirripèdes. Au cours
des précédents travaux, effectués dans divers ports de la région tou-
lonnaise, nous avons constaté que l’activité phosphatasique spécifique
du zooplancton présentait des niveaux particulièrement élevés lorsque
des larves de Cirripèdes étaient présentes dans le milieu (1, 2). Leur
développement présente une forte in?uence saisonnière, avec des den-
sités maximales entre mai et juillet. A ces périodes, ces abondances
restent néanmoins très faibles, et représentent moins de 1% de celles
du zooplancton total.
Matériel et méthodes
Des larves de Cirripèdes ont été isolées, sur lesquelles l’activité
phosphatasique a été mesurée. Cette activité a été étudiée à 20°C en
utilisant le paranitrophényl phosphate de sodium comme substrat. Il a
été dissous dans de l’eau de mer préalablement filtrée sur 0.25 µ. Les
larves de Cirripèdes ont été isolées individuellement à partir de prélè-
vements de zooplancton effectués à l’aide d’un filet de 90 µde vide de
maille dans la petite rade de Toulon.
Résultats
Ces organismes possèdent une activité phosphatasique très élevée.
Elle est au moins 50 fois plus forte que chez Oithona nanaqui est le
copépode le plus abondant de la rade. Elle présente un pH optimum
de 8,2 correspondant au pH de l’eau de mer. Elle est inhibée à plus de
90% quand l’eau de mer est remplacée par de l’eau déminéralisée. Le
magnésium et le sodium sont les cations les plus efficaces pour la sti-
muler. L’effet du sodium pourrait résulter d’une augmentation de la
force ionique. Elle est inhibée de manière compétitive par les ions
orthophosphate, preuve qu’il s’agit d’une phosphatase alcaline. Elle
est surtout intracellulaire et serait peu impliquée dans l’hydrolyse des
composés phosphorés de l’eau de mer. Elle agirait par conséquent sur-
tout sur des substrats intracellulaires, ce qui est confirmé par la faible
affinité qu’elle présente vis à vis de son substrat. Cette activité pour-
rait avoir un rôle dans l’élaboration des constituants de l’exosquelette
et de l’épiderme, en particulier chez les cypris qui constituent le der-
nier stade larvaire des cirripèdes avant leur fixation. Elle pourrait éga-
lement être en rapport avec l’utilisation de réserves métaboliques (3).
Références
1-Gambin F., Bogé G., Jamet D., 1999. Alkaline phosphatase in a littoral
Mediterranean marine ecosystem: role of the main size classes. Marine
Environmental Research, 47: 441-456.
2-Jean N., Bogé G., Jamet J. L., Richard S., Jamet D., 2003. Seasonal
changes in zooplanktonic alkaline phosphatase activity in Toulon Bay, the
role of Cypris larvae. Marine Pollution Bulletin, 46: 346-352.
3-Freeman J. A., Costlow J. D., 1983. The cyprid molt cycle and its hor-
monal control in the barnacle Balanus amphitrite. Journal of Crustacean
Biology, 3 (2): 173-182.