ÉTUDE DE L’INTERACTION TORTUE MARINE CARETTA CARETTA – CHALUT BENTHIQUE 
DANS LE GOLFE DE GABÈS (TUNISIE)
Imed Jribi
1
, Mohamed Nejmeddine Bradai
2
et Abderrahmen Bouain 
1
Faculté des Sciences de Sfax, Tunisie - * Jribi.Imed@edunet.tn
Institut National des Sciences et Technologies de la Mer (INSTM), Sfax, Tunisie
Résumé
Les tortues marines et en particulier la caouanne Caretta carettaentrent en interaction avec la plupart des engins de pêche dans les eaux
tunisiennes. L’étude de l’interaction tortue marine – chalut benthique dans le golfe de Gabès montre un taux de capture important évalué
à 0,82192±0,24878/sortie en mer. Le nombre total de captures accidentelles a été évalué à 5458±1652/an, la mortalité reste relativement
assez faible (182±55/an).
Mots clés: Caretta caretta, Golfe de Gabès, Chalut benthique, Capture accidentelle, Mortalité
Rapp. Comm. int. Mer Médit., 37,2004
528
Introduction
Dans ce travail, nous contribuons à l’évaluation de l’effet de la
pêche au chalut benthique sur Caretta carettadans le golfe de Gabès,
une zone présumée comme aire d’alimentation et d’hivernage (1, 3, 4
et 5) en Méditerranée. La pêche au chalut benthique y est très déve-
loppée et entraîne des captures accidentelles importantes (2). Le but
essentiel de ce travail estl’estimation des taux de captures acciden-
telles, de la capture totale et de la mortalité.
Matériel et méthodes
La région du golfe de Gabès, au sud-est du pays, représente envi-
ron 750km, soit 58% des côtes tunisiennes. C’est la zone de pêche
maritime numéro 1 de la Tunisie avec 65% de la ?ottille chalutière,
soit 270 unités, rattachée aux différents ports de cette région. Au cours
de ce travail effectué en 2001 et 2002, nous avons travaillé à bord de
4 chalutiers rattachés au port de Sfax. Nous avons effectué 73 sorties
en mer totalisant 497 jours de mer au cours desquels nous avons réa-
lisé 5256 traits de chalut. Nous avons enregistré par ailleurs la posi-
tion géographique et l’heure des captures, la longueur courbe de la
carapace et l’état physique de l’animal à la capture.
Résultats et discussion
Toutes les tortues marines, capturées accidentellement au cours de
ce travail, étaient des caouannes Caretta caretta. Les tableaux 1 et 2
illustrent respectivement l’effort de pêche déployé et les taux de cap-
tures estimés.
En tenant compte du taux de capture calculé et du nombre de sor-
ties réalisées par l’ensemble de la ?ottille chalutière active dans la
région du golfe de Gabès en 2001 et 2002 (6640,5/an), nous estimons
le nombre de captures à 5458±1652/an. Ce chiffre, très élevé, serait le
plus important en Méditerranée pour la pêche au chalut benthique.
L’observation des positions géographiques des points de captures
(Fig. 1) montre que la tortue marine peut être capturée à n’importe
quel point où les chalutiers sont actifs. Toutefois les zones situées à
l’ouest et au nord-est de l’île Djerba peuvent être présumées comme
zones de concentration de la tortue marine. Les captures se répartis-
sent sur toute l’année mais diminuent légèrement en automne. Elles
concernent surtout les subadultes dont la longueur courbe de la cara-
pace se situe entre 50 et 70cm. Les tortues sont capturées pendant la
période froide surtout le jour alors qu’elles sont capturées surtout la
nuit pendant la période chaude. Les taux de capture sont plus élevés
dans les faibles profondeurs (<50m), zones normalement interdites
pour la pêche au chalut benthique.
Les tortues capturées étaient en majeure partie (95%) en bon état
physique. Une seule était dans un état comateux (1,67%) et deux
étaient mortes (3,33%) à l’ouverture du filet sur le pont. Ceci nous
permet d’estimer la mortalité des tortues marines dans la région du
golfe de Gabès à 182±55/an.
Conclusion
Malgré l’importance des captures, la mortalité est relativement
faible suite probablement à la courte durée des traits de chalut. Ces
captures accidentelles paraissent de loin plus importantes que celles
enregistrées il y a une dizaine d’années (2 et 5) témoignant des efforts
de conservation déployés dans la région.
Références
1-Aragano R., Basso R., Cocco M., Gerosa G., 1992. Nuovi dati sugli
spostamenti di Tartaruga marina comune (Caretta caretta) in Mediterra-
neo. Boll. Mus. Ist. Univ. Genova, 56 - 57: 137 - 164.
2-Bradai M.N., 1992. Les captures accidentelles de Caretta carettaau chalut
benthique dans le golfe de Gabès. Rapp. Comm. int. Mer Medit., 33 (1) : 285.
3-Gerosa G., Casale P., 1999. Interaction of marine turtles with fisheries
in the Mediterranean. UNEP (RAC/SPA): 59 p.
4-
Laurent L., Nouira S., Jeudy De Grissac A., Bradai M.N., 1990. Les tor-
tues marines de Tunisie : Premières données. Bull. Soc. Herp. Fr. 53 : 1-17.
5-Laurent L., Lescure J., 1994. L’hivernage des tortues caouannes Caret-
ta carettadans le Sud tunisien. Revue d’Ecologie (Terre vie)49 : 63 - 86.
Tableau 2. Estimation des taux de capture par chalutage benthique dans
la région du golfe de Gabès.
Fig.1. Zone de concentration des captures accidentelles dans le golfe de
Gabès.
Tableau 1. Effort de pêche déployé en 2001-2002.