LE ZOOPLANCTON DES EAUX DE BALLAST REJETÉES DANS LE GOLFE DE GABÈS (TUNISIE)
Zouari Leila 
1*
, Ayadi Habib 
1
, Bouaïn Abderrahmen
1
, Bradai Mohamed Najmeddine 
2
1
Laboratoire de Planctonologie, Unité de recherche 00/UR/0907, Ecobiologie et Ecophysiologie animales, 
Département des sciences de la vie, Faculté des Sciences de Sfax. Tunisie - * Leila@tunet.tn, Habib.Ayadi@fss.rnu.tn
2
Institut National des Sciences et Technologie de la Mer, Sfax, Tunisie
Résumé
Un des phénomènes les plus graves qui pèse sur les écosystèmes marins est l’introduction d’une espèce exogène qui peut se faire par dif-
férentes voies comme le vidange des eaux de ballast des bateaux lorsqu’ils arrivent près de leurs ports de chargement. Le présent travail
consacré à l’étude qualitative et quantitative des zooplanctons trouvés dans le Golfe de Gabès dans les eaux de ballast des bateaux prove-
nant des côtes nord méditerranéennes.
Mots-clés: Eaux de ballasts – Zooplanctons - Golfe de Gabès - Espèce exogène
Rapp. Comm. int. Mer Médit., 37,2004
560
Introduction
L’introduction dans les eaux territoriales d’espèces exogènes peut
se faire par les eaux de ballast qui servent à maintenir l’équilibre et la
?ottaison des réservoirs quand les tankers sont vides. Avant de char-
ger la cargaison, les bateaux relâchent les eaux de ballast avec tout ce
qu’ils contiennent (larves, graines, phytoplancton, zooplancton…),
parfois à plusieurs milliers de km de leur port d’origine. Dans de nom-
breux pays, il n’existe aucune législation interdisant le déversement
des eaux de ballast qui peuvent causer l’invasion des espèces exo-
gènes. Ces dernières peuvent dans certains conditions menacer les
espèces autochtones.
Matériel et Méthodes
On a pris 6 échantillons d’eau de ballast ayant chacun 50 l de volu-
me provenant directement des citernes de navires. On a filtré ce volu-
me sur un tamis à soie à Bluter de porosité 80µm. On a cherché le
nombre de zooplancton dans le volume filtré (ind/l). Le comptage se
fait à l’aide d’une cuve de Dollfus sous une loupe binoculaire et la
détermination des espèces de copépodes nécessite en plus d’un exa-
men microscopique une dissection lente et minutieuse des appendices.
L’identification des copépodes s’est réalisée grâce à l’utilisation des
ouvrages de détermination adéquate.
Résultats et Discussions
Le zooplancton existant dans les échantillons collectés des citernes
d’eaux de ballast des bateaux provenant des côtes nord méditerra-
néennes (Italie, qui déballastent dans le golfe de Gabès se compose
des principaux groupes suivants: Copépodes, Appendiculaires,
Larves de Gastéropodes et d’Annélides, Zoé, Métazoé, Œufs divers,
Nous nous sommes intéressés particulièrement au groupe de copé-
podes. La composition spécifique de ces échantillons nous a permis
d’identifier 9 genres de copépodes représentés par 6 calanoïdes, 2
cyclopoïdes et 1 harpacticoïde. Les espèces calanoïdes sont plus nom-
breuses que celles des cyclopoïdes. Les espèces rencontrés sont:
Paracalanus nanus, Paracalanus parvus, Lucicutia sp., Calanus fin-
marchicus, Spinocalanus sp., Scolecithricella minor, Oïthona nana,
Oncaea méditerrannea, Oncaea conifera, Pseudocyclops sp.,Euter-
pina acutifrons.
Une étude quantitative des différents groupes zooplanctoniques
dans les différents échantillons montre que les copépodes acquièrent
les densités les plus importantes avec un maximum de 33 ind/l au
niveau de l’échantillon E6, mais leur abondance relative la plus
importante est enregistrée au niveau de l’échantillon E4 (99%).
Aussi on a révélé l’importance relative des larves d’annélides au
niveau de l’échantillon E5 avec une abondance de 42%, 22% des œufs
divers au niveau de E6. Pour les autres formes zooplanctoniques elles
sont de moindre importance et leur abondance ne dépasse pas 12% au
niveau de tous les échantillons (Fig. 1).
Le groupe de copépodes est dominant dans tous les échantillons et
acquiert une moyenne de 80,17%. Cette importance quantitative met
en évidence le rôle trophique important au sein de leur écosystème
d’origine ainsi que leur adaptation aux mauvaises conditions (puis-
qu’ils s’installent dans les citernes de ballast présentant des conditions
de vie défavorables, à savoir élévation de température, diminution du
taux d’O2, l’existence de produits polluants …).
Les cyclopoïdes présentent des densités plus importantes que les
harpacticoïdes qui sont accidentellement rencontrés.
L’espèce Oithona nanaest d’origine essentiellement atlantique
ancienne et Euterpina acutifronsest d’origine néritique. Leur présen-
ce dans les eaux des côtes nord méditerranéennes s’explique soit par
un transport par les eaux de ballastes des navires, soit par le fait que
ces espèces seraient des répliques boréales présentes depuis long-
temps dans cette région de la Méditerranée.
Les densités zooplanctoniques sont généralement faibles. Ceci
pourrait être dû au manque de prédateurs naturels des copépodes, tel
que les chétognathes qui fuient les zones du ballastage et qui ne peu-
vent pas supporter les conditions sévères des citernes à ballast.
La richesse spécifique en Méditerranée est connue depuis long-
temps puisqu’on a dénombré plus de 469 espèces de copépodes planc-
toniques marins (dont 26 espèces sont douteuses)(1).
Conclusion
Cette étude nous a permis de dégager un aspect positif quand au
suivi des échantillons des eaux de ballast. Toutefois un suivi rigoureux
est indispensable pour sauvegarder nos côtes et prévenir les contami-
nations par des espèces exogènes introduites accidentellement, essen-
tiellement des espèces de copépodes pathogènes parasites des
poissons et autres. Ces espèces allochtones peuvent proliférer aux
détriments des espèces autochtones, causant ainsi des dégâts et un
déséquilibre dans la chaîne alimentaire.
D’après cette étude, il est nécessaire d’équiper tous les ports d’ins-
tallations de réception des eaux de ballast qui doivent être analysées
afin de détecter d’éventuels espèces nuisibles, et d’implanter une
réglementation internationale en vue de spécifier les rejets d’eaux de
ballast qui doivent être faites en haute mer, au moins à 200 miles
marins des côtes (projet en convention OMI en cours). 
Références
1- Razouls., et Durand., 1991. Inventaire des copépodes planctoniques
Fig. 1. Abondance relative des différents groupes zooplanctoniques des
eaux de ballast.