La sédimentation de la marge est algéroise est particulière dans le sens où les
observations et résultats obtenus sur le plateau continental et le bassin profond
sont en certains endroits contradictoires. En effet, les auteurs ayant travaillés sur
le plateau continental (1) démontrent que les taux de sédimentation sont relati-
vement faibles. Alors que les auteurs ayant travaillé dans le bassin profond ren-
dent compte d’une sédimentation relativement importante. Stanley (2) mention-
ne des épaisseurs de couverture plio-quaternaire supérieures à 1000 m., en cer-
tains endroits du bassin profond de la marge algérienne. En outre, leclaire (3)
estime ce taux de sédimentation entre
30 et 40 cm /1000 ans au débouché du
nyon de Zemmouri. Ainsi, la
confrontation des résultats de la sédi-
mentation du plateau et du bassin pro-
fond pose la question du plateau conti-
nental algérien : serait-il une zone de
transit et quelles sont les mécanismes
de transfert des sédiments vers le bas-
sin profond. ? Le site du canyon de
Zemmouri a été étudié par 9 carottes
prélevées à des profondeurs variant de
50 à 700 m (Fig. 1 ).et par deux profils
sismiques
Caractéristiques morphologiques et géologiques
La marge est algéroise se singularise par un plateau continental très réduit
(4Km) (Fig.1) et par la présence deux canyons: le canyon du cap Banc à l’ouest
et le canyon de Zemmouri à l’est, dont la tête remonte très haut en amont sur le
plateau. Ce système de canyon ne se trouve pas dans le prolongement du réseau
hydrologique actuel. Un profil sismique transversal (W/E) (Fig. 2a) fait appa-
raître une dissymétrie dans la taille des canyons. Le canyon du cap blanc a une
taille relativement modest , avec des parois abruptes et rectilignes. Il est enca-
dré par un système de faille d’orientation NW-SE et NE-SW. En surface le fond
du canyon est occupé par des ré?ecteurs de type chaotique, ce qui rendrait
compte soit d’une morphologie accidentée, soit d’un recouvrement issu de
mouvements gravitaires. Sur les ?ancs, la couverture meuble est très peu repré-
sentée, voire inexistante alors que sur les parties hautes aux abords du plateau,
elle est bien représentée par des ré?ecteurs lités. A l’est, le canyon de Zemmouri
présente une morphologie particulière. Les ?ancs sont dissymétrique avec un
?anc ouest à pente moyenne et rectiligne et un ?anc est festonné. 
Un profil N/S montre un système de blocs effondrés (Fig. 2b ). Selon Boucart
et Glangeaud, l’âge du canyon de Zemmouri serait post pliocène. 
Résultats
Les résultats géotechniques obtenus sur les carottes prélevées dans le canyon
de Zemmouri sont relativement classiques, avec des teneurs en eau comprise
entre 33 et 63 %, des densités humides de l’ordre de1.75. Par contre, les cohé-
sions non drainées (Cu) sont très variables (4 Kpa à 50 Kpa). Les valeurs les
plus faibles (4 Kpa à 10 Kpa) du Cu sont localisées essentiellement dans les
carottes C1, C2, C3, C4 ,C5, C6 C7.et C8. Verticalement ces dernières ne pré-
sentent pas de gradient avec l’enfouissement. Les cohésions les plus fortes (Cu
variant de 15 kpa à 49 kpa) sont rencontrées dans la carotte C9. Dans cette der-
nière, la distribution des cohésions avec la profondeur d’enfouissement fait
apparaître une rupture de pente très nette. A un profondeur d’enfouissement de
115cm, la cohésion passe de 18 à 49 Kpa. L’évolution des contraintes de pré-
consolidation s‘p et des contraintes effectives s‘v en fonction de la profondeur
d’enfouissement fait apparaître deux types de distribution.
Une première distribution concerne les carottes à faible cohésion: celles-ci
font ressortir un état de sur-consolidation en surface et un état de sous-consoli-
dation dans le reste des carottes (Fig. 3.a). La seconde distribution est exclusi-
vement rencontrée au niveau du prélèvement C9 (Fig 3.b). Les 20 premiers cen-
timètres de la carotte sont occupés par des sédiments sur-consolidés, au dessous
les matériaux deviennent normalement consolidés sur une puissance de 5 à 6
cm. Dans ce cas, les courbes des contraintes effectives et des contraintes de pré-
consolidation tendent à se confondre. Au-delà de cette côte, les sédiments se
retrouvent dans un état de sous-consolidation, pour reprendre un état de sur-
consolidation dans les parties les plus profondes de la carotte
Les limites d’Atterberg mesurés sur les sédiments des carottes montrent que
les sédiments de la zone d’étude ont une plasticité moyenne à forte (Ip variant
de 10 à 25). Au point vue dynamique selon la monenclature (4) (Fig 4), les sédi-
ments du canyon de Zemmouri appartiennent du fort alluvionnement par excès
de charge
Ainsi, l’étude de la cou-
verture sédimentaire au
abord du canyon de
Zemmouri fait apparaître
que l’alimentation en sédi-
ment de cette zone se fait
essentiellement par des
apports fins déposés par
excès de charge. La pré-
sence de dépôts de vases
brunes à tâches noires
montre des vitesses de
sédimentation relative-
ment importantes La superposition de niveaux de matériaux d’état de consoli-
dation différentes et la présence de hiatus sédimentaire montrerait ainsi des
signes d’instabilité de la couverture superficielle
Références
1 - Bouhamadouche M, 1993. Sédimentologie du plateau continental Est – Algérois
Th. Mag Univ IST/ USTHB, Alger.
2 - Stanley D.J., 1977. Post -miocene depositional patterns and structural displace-
ment in the Mediterranean . In: The Ocean bassins and margins, Nairn A.E.M,
KanesW.H. and Stehli F.C., Eds, Plenum Press, NewYork and London: 77-30.
3 - Leclaire H.,1972. La sédimentation holocéne sur le versant méridional du bassin
algéro-baléare.Mémoire du Museum d’Histoire Naturel. Paris, série C, XXIV.
4 - Chassefière B., Monaco A., 1987. Géotechnical properties and sedimentological
processes of the Rhone continental.Marine Geology,74: 225-235.
Rapp. Comm. int. Mer Médit., 36,2001
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STABILITE DES PENTES SOUS-MARINES DANS LE CANYON DE ZEMMOURI
Rachid Matougui*
Laboratoire de géologie marine, FSTGAT/ USTHB, El Alia Bab Ezouar,Alger,Algérie
La baie de Zemmouri (Est algérois) se singularise par la présence de canyons sous-marins recoupant très haut le plateau continental. La
présence de turbidites dans le bassin profond montre la présence de mouvements gravitaires. Ainsi l’application du modèle de glissement
plan et de l’état de consolidation des sédiments sur des carottages font apparaître que la couverture sédimentaire du canyon de Zemmouri
et ses abords sont des zones instables. La distribution des cohésions, des contraintes de pré-consolidation et des contraintes naturelles fait
apparaître deux zones : une zone ouest où l’état de consolidation des sédiments est sous-consolidé, et une zone est à sédiments surconso-
lidés.
Mots clés: canyon, mouvements gravitaires, ,état de consolidation ,cohésion non drainée,  instabilité
Fig.1
Fig.2 a
Fig.2 b
Fig.3 a
Fig.3 a
F i g .