Introduction
La marge méditerranéenne de l’Afrique du Nord présente des caractères
particuliers qui la distinguent des autres marges continentales du bassin
occidental de la Méditerranée. Les données abondent relativement sur la
bordure continentale aussi bien dans la cartographie géologique que dans
la structure des formations qui constituent les Maghrébides. Dans le
domaine marin, la marge algérienne reste encore très peu explorée. Ce tra-
vail préliminaire se veut une contribution à la reconnaissance des dépôts
post-miocènes, bien que de nombreux problèmes de corrélation se posent
entre les données sismiques et la géologie continentale (faute de forage sur
la marge orientale algérienne).
Cadre géographique
Le Golfe de Béjaïa est situé à 200 Km à l'Est d'Alger. Il est encaissé dans
la partie septentrionale de la chaîne montagneuse des Babors et limité par
les falaises calcaires du Cap Carbon à l'ouest (longitude 5°05 E) et le mas-
sif volcanique d'El Aouana (ex-Cavallo) à l'est (longitudes et 5°35E). 
Cadre géologique
La région de Béjaïa constitue un élément du tronçon septentrional de la
chaîne des Maghrébides qui fait partie de l'orogène alpin. Les zones
internes des Maghrébides disparaissent au niveau du Golfe et cèdent la
place au domaine externe représenté par les nappes telliennes des Babors
[1].
Morphologie sous marine
La topographie sous-marine de la marge algérienne est constituée par un
plateau continental très peu développé aux abords des massifs monta-
gneux. Il s'élargit avec un littoral bas et échancré au droit des dépressions
néogènes et quaternaires. Le plateau continental du Golfe de Béjaïa se sin-
gularise des autres plateaux de la marge algérienne par la variabilité de son
étendue ainsi que par l’absence de dépression côtière. La carte bathymé-
trique (Fig.1) [2] et les profils bathymétriques réalisés [3] font apparaître
un plateau continental très étroit aux abords immédiat des massifs monta-
gneux, qui s'élargit relativement face à l'embouchure de l'oued Soummam
dans la partie occidentale. 
Identification des unités acoustiques
A partir des profils sismiques ré?exions 2 unités ont été définies sur la
base de la réponse sismique obtenue. 
- une unité inférieure correspondant au substratum acoustique; 
- une unité supérieure correspondant aux dépôts plio-quaternaires;
Le substratum acoustique de type chaotique correspond, par corrélation
aux formations géologiques connues à terre (aux nappes telliennes et de
?yschs dans le secteur occidental). Il se traduit par de petites ré?exions dis-
continues souvent enchevêtrées et hyperboliques, dont l’amplitude est
variable mais fréquemment forte. Une relative stratification est parfois
reconnaissable en surimposition dans le secteur occidental. Dans le secteur
oriental, cette stratification disparaît à la faveur d'un enchevêtrement plus
prononcé des ré?exions et traduit probablement la continuité des forma-
tions volcaniques décrites dans la région côtière d'El Aouana.
La limite entre les deux unités est représentée par une ré?ecteur de type
hyperbolique, de forte amplitude qui constitue la surface de discordance
messinienne. Les dépôts messiniens, représentés par une série de ré?ec-
teurs parallèles (faciès lité), sont bien définis dans le bassin. Ces dépôts se
biseautent à l'approche du sommet de la pente où ils font place à la surfa-
ce de discordance. 
L'unité supérieure représentée par les dépôts plio-quaternaires repose
directement sur le substratum acoustique profondément érodé. Cette unité
est constituée par 2 ensembles :
- un ensemble inférieur à faciès transparent caractérisé par l’absence de
ré?ecteur ou par des ré?ecteurs de très faible amplitude. La continuité est
variable, mais en général assez faible. Ce faciès semble donc correspondre
au Pliocène inférieur marneux riche en microfaune planctonique décrit
dans la vallée de la Soummam [4] et dans différentes régions de la
Méditerranée en particulier dans le forage (JOIDES-DSDP, Leg 371). 
- un ensemble supérieur à faciès lité caractérisé par une séquence de ré?ec-
teurs parallèles, de forte amplitude et d'extension latérale relativement
importante. Une bonne continuité des ré?ecteurs est observée exceptée
dans les zones affectées par la tectonique. Ce faciès correspondrait au
Pliocène supérieur à Quaternaire dans sa partie sommitale.
Structure du recouvrement
La cartographie en isochrone de la discordance messinienne a permis de
mettre en évidence 2 directions majeures de failles, NE-SW dans le secteur
occidental du Golfe et NW-SE dans le secteur oriental. Ce réseau de failles
montre d'ouest en est, dans le golfe, une prédominance de structures en
"marches d'escalier". Ces accidents ont structuré la région en zones hautes
et basses. Les zones hautes sont localisées aux Cap Carbon et Cap d'El
Aouana avec une couverture plio-quaternaire très réduite (100 à 500 ms en
TD). La zone affaissée correspond au Golfe dont la couverture atteint 1300
ms en TD dans la partie centrale du plateau continental (Fig. 2).
Conclusion
Ces travaux préliminaires mettent l'accent sur l'étroite relation tecto-
nique-sédimentation. L'empreinte structurale de la surface de discordance
se manifeste nettement dans la morphologie actuelle du plateau continen-
tal. Les accidents majeurs cartographiés sur le substratum antépliocène
sembles être réactivés lors de la compression récente qui se manifeste le
long de l'orogène alpin des maghrébides. Ce mouvement de convergence
se traduit par des failles de direction NE dans la région occidentale (mas-
sif de Gouraya) et NW (massif d’El Aouana). Ces failles, correspondent,
dans le massif de Gouraya, au décrochement senestre Gouraya-Arbalou,
(1) ainsi que par la réactivation des contacts entre le massif éruptif
d’Amizour et le Miocène post nappes de la vallée de la Soummam. 
Ce travail a permis de mettre en évidence l’épaisse couverture plio-qua-
ternaire dans le golfe (plus de 1300 ms) qui ne s’observe pas dans l’arriè-
re pays, représenté par les nappes telliennes. Cette couverture se réduit
considérablement aux abords immédiats des massifs de Gouraya et d’El
Aouana. Cette structuration des dépôts plio-quaternaires est le résultat
d’une tectonique encore active actuellement à l’image des dernières
secousses sismiques de Beni Ouertilene.
Références
1 - Hassisen M, 1989: Etude géologique des Djebels Arbalou – Gouraya.
Eléments occidentaux du domaine des Babors (région de Béjaïa). Thèse de
magistère, Univ. Houari Boumédiène (USTHB), Alger.
2 -Leclaire, 1972: La sédimentation holocène sur le versant méridional du bas-
sin Algéro-baléares. Thèse de doctorat d'état és-Sciences, Paris, 382 p. 
3 - Benslama L., 1997: La sédimentation actuelle en baie de Béjaïa Rôle de
l'oued Soummam. Thèse de magistère, Univ. Houari Boumédiène (USTHB),
Alger
4- Leikine M., 1971: Etude géologique des Babors occidentaux (Algérie).
Thèse de doctorat d'état és-Sciences, Paris, 536 p.
Rapp. Comm. int. Mer Médit., 36,2001
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STRUCTURE DE LA COUVERTURE PLIO-QUATERNAIRE DE LA MARGE ORIENTALE ALGERIENNE
(EX- GOLFE DE BEJAIA)
MoulfiAmar*, Askri Karim et Djilloul Djamel
Faculté des Sciences de la Terre / USTHB, Alger,Algérie
La région de Béjaïa appartient au domaine des Babors orientaux. L'analyse de plusieurs profils sismiques a permis de mettre en évidence
deux directions majeures de failles NW-SE et NE-SW qui guident la marge de Béjaïa. La cartographie en isochrones et isopaques du recou-
vrement plio-quaternaire a permis de mettre l'accent sur l'étroite relation entre la tectonique et la sédimentation.
Fig. 1. Carte
bathymé-
trique du
Golfe de
Bejaïa (2).
Fig. 2. Carte
en iso-
paques
temps du
recouvre-
ment Plio-
Quaternaire
du Golfe de
Bejaia.