Le rejet d'eaux usées épurées en zones marines côtières, pose un pro-
blème de santé publique qui concerne la survie et la dissémination des bac-
téries pathogènes dans le milieu marin. Les travaux de recherche sont
actuellement focalisés sur l'étude de quelques bactéries pathogènes déver-
sées en milieu marin tels que Escherichia coli, Vibrion, Salmonelles.
Cependant la communauté scientifique ne sait que peu de chose sur la
survie des Aeromonas, bactéries pathogènes opportunistes et les risques
épidémiologiques liés à la dissémination de leur pouvoir pathogène en
milieu marin. Il serait donc intéressant de rechercher l'effet des facteurs
environnementaux qui pourraient être impliqués dans la survie de ces bac-
téries avant et après leur rejet en milieu marin.
Deux stations d'échantillonnage ont été choisies: le rejet final de la sta-
tion d'épuration de Sfax (Sud Est de la Tunisie) notée S
1
et une station
marine, station Gargour notée S
2
, située à 9 Km du rejet final.
Au cours d'un cycle annuel (octobre 1998-septembre 1999), nous avons
étudié l'effet des facteurs suivants sur les abondances des Aeromonas:
Rayonnement R (w/cm
2
),Température (T°C), Salinité S (‰), TurbiditéTr
(NTU), Oxygène dissous OD  (mg/l), pH, Conductivité C (ms/cm) et la
concentration de la variable bactériologique au temps t-1 c’est-à-dire deux
semaines avant le prélèvement. Cette étude a été comparée à celle des coli-
formes fécaux (C ) groupe de bactéries témoin de contamination fécale le
plus étudié. Pour ce faire, une modélisation statistique a été proposée uti-
lisant les techniques de régression linéaire multiple (1). Elles conduisent à
un modèle de type corrélatif décrivant les relations possibles entre les
variables bactériologiques et les variables environnementales.
Les résultats de l'analyse par les techniques de régression multiple sont
donnés sur la figure 1.Ces résultats ont montré que parmi les huit va 
s
soupçonnées d'avoir un effet sur les CF seulement cinq montrent une in?u 
n-
ce directe signific 
ive quelle que soit la station: ce sont le R, la T, la Tr et la
concentration des CF à t-1 ainsi que l'OD pour S
1
et le pH pour S
2
.
Le modèle choisi explique 68 % de l'évolution des CF dans l'eff 
t
épuré et 75 % de leur évolution en S
ƒ 
;
ceci est en effet confirmé par la qua-
lité d'ajustement entre les valeurs observée (valeurs expérimentales) et les
valeurs calculées prédites d'après l'équation de régression qui relie les CF
aux différents facteurs environnementaux (figure 2).Pour les Aeromonason
remarque que les facteurs qui agissent sur leur abondances sont différents
entre S
1
et S
2
ainsi si les Aeromonassont corrélées positivement avec la S
et la T et négativement avec OD au niveau de S
1
leur abondance se trouve
corréler négativement au R et la T mais positivement à l'OD.
Le modèle explique 43 et 42 % de l'évolution des abondances des
Aeromonasrespectivement dans S
1
et S
2;
ces valeurs sont toujours signifi-
catives, ceci est confirmé par la courbe des valeurs observées et prédites
d'après l'équation de régression qui relie les abondances des Aeromonas
aux facteurs environnementaux (figure 3).
Ces valeurs sont plus fortes que celles obtenues par Hazen en 1983 (R
2
= 0,33) pour un modèle de régression décrivant l'évolution d'abondance
d'Aeromonashydrophiladans un estuaire, mais moins fortes que les
valeurs obtenues par Bahlaoui en 1990 (2) sur les Aeromonasen sortie d'un
lagunage secondaire (R
2
= 0,53). Le modèle utilisé semble être moins per-
formant pour expliquer la variabilité d'abondance des Aeromonas spp., les
valeurs de R
2
sont en fait plus faibles que celles obtenues pour les CF.
Contrairement au CF qui montrent une sensibilité élevée et plus au
moins conservée aux facteurs environnementaux dans les deux milieux, les
Aeromonasmontrent des modifications importantes lors de leur transit du
rejet en milieu marin.Ceci peut être expliqué par le fait que les Aeromonas
représentent un peuplement au moins en partie d'origine aquatique et donc
capable de développer des capacités d'adaptation plus poussées que les CF.
Références
1 - Hazen T.C., 1983. A model for the density of Aeromonas hydrophila in
Albermale sound, North Carolina. Microb.Ecol.9, 137-153.
2 - Bahlaoui M.A., 1990. Lagunage à haut rendement expérimental : dyna-
mique de différents groupes bactériens et performances épuratrices sanitaires.
Doctorat. Univ. des Sciences et Techniques du Languedoc. Montpellier II.
Rapp. Comm. int. Mer Médit., 36,2001
196
EFFET DES FACTEURS ENVIRONNEMENTAUX SUR LA SURVIE DES AEROMONAS SPP.
AVANT ET APRÈS LEUR REJET EN MILIEU MARIN
Mahjoubi Amira
1
, Maalej Sami
1
*, Chafii Elazri
2
et Bakhrouf Amina
3
1
Laboratoire de Microbiologie Marine, Faculté des Sciences de Sfax, Tunisie
2
Laboratoire de Recherche des Sciences de l'Environnement, ENIS, Tunisie
3
Laboratoire de Microbiologie, Faculté de Pharmacie de Monastir,Tunisie
Résumé
Les rejets des eaux usées et des déchets d'activités humaines contribuent à la dissémination des germes pathogènes dans le milieu marin.
Parmi ces germes on trouve les Aeromonas spp., bactéries pathogènes opportunistes, qui causent des infections intestinales ou extra-   intes-
tinales souvent liées à une contamination hydrique. 
Dans ce cadre nous avons étudié l'in?uence des facteurs physico-chimiques sur les abon-
dances des Aeromonasavant et après leur rejet en milieu marin afin de comprendre leur mécanisme de survie en fonction des facteurs physico-
chimiques du milieu. Pour ce faire, une modélisation statistique des dénombrements bactériens en fonction des paramètres du milieu, basée sur la
méthode d'analyse par régression linéaire multiple, a été proposée. Cette modélisation a été portée sur les Aeromonasainsi que les Coliformes
fécaux, le groupe de bactéries indicatrices de contamination fécale le plus étudié. Les résultats ont montré que les coliformes fécaux montrent une
sensibilité élevée et plus au moins conservée aux facteurs environnementaux avant et après rejet en milieu marin; par contre les Aeromonasmon-
trent des modifications importantes après rejet en milieu marin manifestant des capacités d'adaptation plus poussées que les coliformes fécaux en
fonction des facteurs du milieu.
Mots Clés : Rejet d'eaux usées, Aeromonas spp., Coliformes fécaux, milieu marin, facteurs physico-chimiques.
Figure 1 : Résultats de l’application du modèle d’analyse des coeffi-
cients de corrélation. La variable à expliquer est la concentration
d’Aeromonas spp. au cours du temps aux stations 1 et 2. 
La variable à expliquer est la concentration des coliformes fécaux au cours du
temps aux mêmes stations. Les ?èches en trait plein indiquent un effet signi-
ficatif d’une variable ou d’une autre au seuil de 5%, celles en petits tirets, un
effet significatif au seuil de 10%. Les signes sur les ?èches indiquent le sens
des effets. R
2
= Coefficient de détermination : ***  a=0,001 ; ** a=0,05. 
Figure2:Valeursobservéeset
valeurs calculées des abondances
des coliformes fécaux aux stations
1 et 2..
Les valeurs prédites ont été calculées
à partir des équations indiquées au
Figure 3 : Valeurs observées et
valeurs calculées des abondances
d’Aeromonas spp. aux stations 1e
t 2 . 
Les valeurs prédites ont été calculées
à partir des équations indiquées au