Rapp. Comm. int. Mer Médit., 36,2001
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Des missions de prospections entreprises depuis Avril 1999 dans 50 dif-
férents sites de la Tunisie (26 stations au nord, 14 à l’est et 10 au sud), par
plongée en scaphandre autonome (70 observations), ont permit de visiter
les étages infra et circalittoral de ses sites, jusqu’à la profondeur limite de
– 62 m et de constater l’existence d’un phénomène de mortalité affectant
des populations de densité variable (tableau 1) de Eunicella singulariset
Eunicella. cavolinii, dans la région Nord de la Tunisie. Parmi les autres
espèces touchées par cette mortalité, figurent deux éponges Cacospongia
m
o
l
l i
o ret S
a
rc
o
t
ragus muscarum(Dictyoceratida, Demospongiae,
Porifera). Ce travail a aussi mis en évidence à la fois la présence de
Caulerpa racemosadans de nouvelles stations tunisiennes et la persistan-
ce de Caulerpa taxifoliaà Sousse.
Tableau 1 : Densité de gorgonaires dans les zones d’études (colo-
nies/m
2
)
Population (colonies/m
2
)
CapEstZoneSud-estOuestTabarka
EspècesBon(faille entrede SidiZembrettaCathédrale
Zembra etDaoud(Zembretta)
Zembretta)
Eunicella
8 à 1017 à 2550403570
singularis
Eunicella
2 à 33 à 52515Absente
Absente
cavolinii
Lophogorgia
-45422
ceratophyta
Ellisella sp
--5---
Le phénomène de mortalité à intéressé la zone du Cap Bon et celle de
Tabarka. Le taux d’individus nécrosés est calculé par m
2
et le pourcentage
de nécrose individuel a été estimé. La hauteur des colonies atteignait, dans
certaines stations, 50 cm chez E. singularis, et ne dépassait pas 30 cm dans
d’autres, alors qu’elle dépassait rarement 25 cm chezE. cavolinii et
L.ceratophyraet atteignait 120 cm chez Ellisella sp.
Les populations de E. singularissont les plus touchées par cette patho-
logie, puisque 50% à 80% des individus souffraient d’une nécrose partiel-
le des tissus, alors que ce taux n’atteignait que 40% chez E. cavolinii. La
nécrose totale n’affectait que des individus de E. singulariset pouvait inté-
resser 50 % d’un peuplement. Par contre, le taux de nécrose individuel
variait entre 30 à 60 % chez les deux anthozoaires.
Cependant, à Tabarka, cette mortalité n’a touché que E. singularis, avec
des nécroses partielles de tissus chez 70% du peuplement et des mortalités
totales de l’ordre de 30%.
Ce phénomène n’atteint pas la même virulence chez les éponges. Nous
avons rencontré au Cap Bon (au nord ouest de Zembra, à Kélibia) et au
large du Golfe de Gabès, des individus de Cacospongia mollior et
Sarcotragus muscarum, affectés par cette pathologie. Le taux de nécrose
individuel, dépassait rarement 50%, cependant quelques rares individus
pouvaient être affectés à 100%.
Ce travail de terrain a aussi permit de constater les données suivantes :
- Certaines stations ; parfois très proches de stations affectées, maintien-
nent un peuplement sain et dense de gorgonaires (Faille de Zembra
Zembretta; sud est de Zembretta ; Sidi Daoud).
- Nous n’avons pas remarqué de mortalité chez d’autres groupes de
Cnidaire (Hydraires, Hexacoralliaires) ni chez d’autres embranchements
d’invertébrés (Bryozoaires et Tuniciers notamment).
- D’autres Gorgonaires n’ont pas été affectés par cette mortalité, comme
Leptogorgia sarmentosaet Ellisella sp, dont c’est la première signalisa-
tion en Tunisie.
- La pathologie semble être liée à la persistance de températures élevées
dans toute la colonne d’eau: Pendant l’apparition de cette mortalité, la
température de l’eau se situait constamment autour de 22 à 23 °C, depuis
la surface jusqu’à la profondeur de -60 m. Alors que les plongées effec-
tuées pendant l’année 2000 permettait de remarquer la présence d’une
thermocline vers - 25 m de profondeur, faisant passer la température de
l’eau de 23°C à 16 °C.
- Pour ce qui est des Caulerpales, la présence de Caulerpa taxifoliaen fa
c
e
de la ville de Sousse (3) a été vé
r
i
fié encore une fois. Cette algue colonise
aussi bien des substrats meubles mis à nu par l’action de chaînes d’ancres,
s
o
u
vent en présence de Caulerpa pro
l
i
f
e
raet de Flabellia petiolata, que
l’herbier de posidonie. Sa densité dans les zones infectées pouvant atteindre
26 à 45 frondes/m
2
. Quant à Caulerpa ra
c
e
m
o
s
a, et en plus des stations
tunisiennes déjà mentionnées (4), nous la signalons aux Iles Cani jusqu’à 10
m de profondeur, au sud est de Zembretta à 42 m de profondeur, à Sidi
Daoud jusqu’à – 45 m de profondeur, à El Haouaria à 33 m de profondeur
et enfin au Sud est des îles Ke
r
kennah, à 45 m de profondeur.
Conclusions
L’apparition de ce phénomène de mortalité chez les invertébrées marins a
touché l’ensemble du bassin occidental Méditerraéen (2). De tels phéno-
mènes ne sont plus rares actuellement en Méditerranée (2, 5, 6, 7, 8, 9). Mais
que cette mortalité ce manifeste dans une région de la Méditerranée connue
pour la richesse de sa diversité spécifique, la beauté de son paysage sous
marin, et son intérêt comme élément important du patrimoine naturel
Méditerranéen (1, 10, 11) doit nous interpeller; d’autant plus que C. ra
c
e-
m
o
s
ay est à proximité et que C. taxifoliaest déjà très bien installée à Sousse.
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Rapp. Comm. int. Mer Médit.
. 30: 2.
Remerciements.Les auteurs remercient l’équipage du NROHannibal,
ainsi que leur collègues Dr H. Langar, Melle I. Méliane et Mr M. Harki.
qui ont pris part à quelques missions de prospection. Ils adressent égale-
DONNEES NOUVELLES SUR DES ELEMENTS DU MACRO BENTHOS MARIN DE TUNISIE
K. Ben Mustapha* et A. El Abed
Institut National des Sciences et Technologies de la Mer. INSTM, Salammbô, Tunisie - karim.benmustapha@instm.rnrt.tn
Résumé
Des missions de prospections du macro benthos littoral (1) des eaux tunisiennes, entreprises depuis Avril 1999, dans 50 stations différentes,
ont permit de constater des déséquilibres écologiques au niveau de certaines biocénoses benthiques. Ce travail a permit de mettre en évi-
dence des mortalités importantes chez les gorgonaires et quelques éponges spécialement dans la région du Cap Bon et à Tabarka, qui pour-
raient être liées à la persistance de température élevées sur toute la colonne d’eau. En outre, ces prospections ont aussi permit de se rendre
compte de la présence de deux caulerpes, souvent considérées comme invasives, en Tunisie.
Mots Clés : Cnidaire, Mortalité, Spongiaires, Infralittoral, Circalittoral,
