Rapp. Comm. int. Mer Médit., 36,2001
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Introduction 
Le lac sud de Tunis est situé au nord de la Tunisie, au fond du golfe
du même nom (Fig. 1). Bien que se trouvant au voisinage immédiat de
la mer , le lac communique avec celle ci de façon artificielle. Il couvre
1120 hectares , se caractérise par une faible bathymétrie (< 1m) et un
hydrodynamisme très atténué [1, 2]. Du fait de sa proximité de la capi-
tale et de ses grands centres industriels, le lac se trouve aujourd’hui
dans une situation écologique préoccupante [3, 4]. Notre étude servi-
ra d’état initial et d’échelle objective pour l’évaluation des impacts
écologiques du projet de restauration environnementale de ce milieu. 
Fig. 1 Situation géographique du lac sud de Tunis et des sta-
tions de prélèvement.
Matériel et méthodes
Pour cerner au mieux les conditions écologiques du milieu, trente
stations de prélèvement réparties d’une manière homogène couvrant
l’ensemble du système lacustre ont été prospectées mensuellement
(Fig. 1). 
Résultats et discussions
A l’instar des écosystèmes côtiers peu profonds, les températures
des eaux de surface du lac suivent intimement les températures de l’air
ambiant. La température moyenne est de 20,6°C. Les valeurs extrêmes
sont 9,8°C et 34,6°C. Les températures de l’eau connaissent également
des variations nycthémérales de plus faibles amplitudes. La moyenne
annuelle des salinités se situe entre 29,9 %o et 43,6%o avec des
valeurs extrêmes de 1,4 %o et 51,9 %o. Les ?uctuations de ce para-
mètre sont essentiellement tributaires des apports continentaux. Le pH
des eaux subit de grandes ?uctuations (7,9 à 9,3). Les valeurs extrêmes
sont respectivement de 6,7 et de 10,5. La répartition spatiale du pH
évolue suivant un gradient de dilution au fur et à mesure que l’on
s’éloigne des sources de pollution. Sa ?uctuation suit un rythme nyc-
théméral, la phase nocturne correspond à un effondrement du pH, la
phase diurne est tributaire de l’importance du couvert végétal. La
teneur moyenne des eaux de surface en O
2
dissous montre que ce para-
mètre ne constitue pas un facteur limitant (le milieu est généralement
sursaturé en O
2
: taux >98 %). Les extrêmes sont 0 et 319 %, la valeur
maximale a été relevée au mois de juin à la station 14, lors d’un impor-
tant « bloom » phytoplanctonique et correspond à une teneur excessi-
ve de chlorophylle 
a( 416,3 µg/l de poids humide). Le milieu est d’au-
tant plus oxygéné que l’ensemble des conditions de l’environnement
sont défavorables [3]. Les valeurs moyennes de l’oxygène dissous
subissent de très fortes ?uctuations saisonnières et interannuelles.
Seuls les taux nocturnes permettent d’apprécier l’état du milieu, le
suivi nycthéméral a permis de mettre en évidence un effondrement
nocturne du taux d’oxygène pouvant aboutir à une situation d’anoxie.
Les teneurs mensuelles moyennes des eaux en chlorophylle a connais-
sent des variations temporelles et spatiales très importantes et oscillent
entrent 12,1 et 76,1µg/l de poids humide (Fig. 2). Les anses est et ouest
sont le siège d’un développement phytoplanctonique quasi permanent
mais d’inégales importances. Les valeurs extrêmes sont 0 et 587,1µg/l
de poids humide. Les variations mensuelles de la M.E.S. montrent que
celles ci oscillent entre 13,4 et 244,9 mg/l. Les eaux du lac sont rela-
tivement chargées en matériel particulaire, les valeurs extrêmes sont
de 0,7 et 390,8 mg/l. Les valeurs mensuelles moyennes de l'azote
minéral total ont évolué de 79 à 2645 µg/ l. Les valeurs extrêmes sont
3 et 5949,4 µg/ l et dénotent d’une richesse excessive du milieu. Ce
paramètre ?uctue avec la pluviosité et suit un rythme saisonnier bien
déterminé malgré les variations absolues extrêmement importantes et
les différences interannuelles( Fig. 2). Le phosphore est présent en sur-
abondance dans la lagune sud de Tunis. Les teneurs mensuelles
moyennes oscillent entre 22,2 et 340,3 µg/l (Fig. 2). Les valeurs
extrêmes sont de 1 et 1107,3 µg/l. Le lac sud de Tunis est aujourd’hui
un milieu très instable fortement euryhalin, eurytherme; hypereu-
trophe et extrêmement fragilisé.
Fig. 2 Fluctuations mensuelles des teneurs moyennes des
principaux indicateurs d’eutrophisation.
Références 
1- Ben Charrada R., 1997. Etude hydrodynamique et écologique du com-
plexe Petit Golfe- Lac de Tunis. Thèse. Doct. Ecole. Nat. Ing. de Tunis,
pp.1- 400.
2- Moussa M., 1991. Etude d’aménagement du lac sud de Tunis. Rapport
hydraulique.Groupement SERAH-SOTINFOR, pp.1-60 + annexes.
3- Zaouali J., 1991. Le lac sud de Tunis : Etude prospective des condi-
tions écologiques après travaux d’assainissement. Rapport écologique
Groupement SERAH-SOTINFOR, pp.1-58.
4- Ben Souissi J., Zaouali J., Mazghouni M. et Rezig M. , 2000.
Bioaccumulation de quelques polluants métalliques chez des animaux
comestibles du lac sud de Tunis .Bull. Soc. zool.France, 125 (1) pp.27-
35.
VARIABILITE DES FACTEURS ABIOTIQUES DANS LES EAUX D'UNE LAGUNE MEDITERRANEENNE 
LE LAC SUD DE TUNIS (TUNISIE)
Ben Souissi Jamila
1*
, Rezig Mohamed
2
et Zaouali Jeanne
1
1
Institut National Agronomique de Tunisie, Laboratoire d’Environnement Marin Littoral, Tunis; Tunisie
2
Faculté des Sciences de Tunis, Laboratoire d’écologie littorale, Campus Universitaire, Tunis, Tunisie
Résumé
Le lac sud de Tunis a été étudié de mai 1995 à avril 1997. Durant cette période, 156 séries d’observations sur le terrain et plus de 3600
mesures de paramètres hydrobiologiques (température, salinité, pH, saturation en oxygène, Matière en suspension...) ont été effectuées.
Celles ci sont complétées par environ 5000 analyses de laboratoire (sels nutritifs, chlorophylle 
a).Les résultas des prospections montrent
que le lac se caractérise par la grande variabilité et l’instabilité spatio-temporelle de la plupart des paramètres abiotiques. Ces facteurs
subissent des variations nycthémérales, saisonnières et interannuelles . La détérioration de la qualité des eaux est amplifiée par la faible
bathymétrie de la lagune, l’hydrodynamisme très atténué et les apports continentaux (eaux usées industrielles et urbaines) fortement char-
gés en polluants de natures diverses. 
Mots clés : Lagons – Pollution – Eutrophication – « Blooms ».