Rapp. Comm. int. Mer Médit., 36,2001
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La lagune de Nador a une grande importance sur le plan socio-économique
(aquaculture et pêche) et sur le plan écologique en abritant une ?ore et une fa 
e
exes et dive 
fiées. Le bassin lagunaire est fortement perturbé par les activ 
i-
tés anthropiques et par la fermeture de la passe. Devant cette situation, de nom-
breux travaux ont été entrepris pour comprendre l’organisation, le fonctionnement
et l’évolution de la lagune (1, 2, 3, 4). La présente étude a pour objectif l’identifi-
cation des peuplements phytoplanctoniques ainsi que leur structure spatio-tempo-
relle. La lagune, située sur le littoral nord-est marocain entre le cap des Tr 
s
Fourches et le Cap de l’Eau (2°45’N- 2°55’W ; 35°10’N),a une superficie de
1 5k 
m
fig. 1). Elle est accidentée sur sa bordure occidentale par le promontoire
d’Atalaâyoune qui la div 
i-
se en deux sous-ensem-
bles. La profondeur aug-
mente rapidement à partir
des rives pour se stabiliser
dans la partie centrale
entre 6 et 7 m. La lagune
communique avec la
Méditerranée par la passe
Boukhana. A partir de
1987, un colmatage sédi-
mentaire progressif a
réduit sérieusement les
échanges entre la lagune
et la mer et a abouti à une fermeture en 1993. Cette situation a engendré des consé-
quences néfastes sur la lagune tant biologiques, hydro-chimiques que sédimen-
.
Matériel et méthodes
Le choix a porté sur 8 stations (Fig. 1) réparties sur l’ensemble de la lagune.
L’échantillonnage a été effectué par un filet à plancton de type standard traîné
horizontalement pendant deux minutes. L’échantillon recueilli au niveau du col-
lecteur est fixé au formol (5%) neutralisé.
Résultats
La lagune de Nador présente une richesse taxonomique composée de plus de
260 espèces appartenant essentiellement aux Dino?agellés et aux Diatomées
(5). Cette richesse oscille entre 3 et 85 espèces selon les stations et les périodes
d’échantillonnage. Le nombre d’espèces des Diatomées (fig. 2) est toujours
supérieur à celui des
Dinoflagellés au ni-
veau de toutes les sta-
tions. L’ensemble du
peuplement est carac-
téristique des bassins
paraliques légèrement
confinés. Ceci est jus-
tifié par la rareté des
o p 
hycées planc-
toniques (6). Cepen-
dant, la présence des
espèces benthiques et
des espèces péla-
giques témoigne d’un brassage de la colonne d’eau avec remise en suspension
à partir du fond (7). La répartition spatiale des espèces représente une certaine
.Les Dino?agellés (Ceratium furca, Ceratium fusus, Prorocentrum
micans, Gymnodinium splendenset
Protoperidinium oblongum) sont pré-
sents dans l’ensemble de la lagune.
Les Diatomées centriques (C 
o-
ros sp, Rhizosolenia sp, Hemiaulus
haukii, leptocylindrus danicuset
Guinardia ?axida) se développent
essentiellement dans la partie centrale,
la zone de la passe et la zone
d’Atalaâyoune. La richesse spécifiq 
e
(Fig. 3) diminue nettement de la passe
vers les zones périphériques, surtout
en direction de l'extrémité Sud-Est et
la rive continentale. Cette diminution
est plus brutale et plus prononcée dans
le bassin Sud (de 217 à 72 espèces) que dans le bassin Nord (de 217 à 166
espèces). On remarque également que la diminution du nombre d'espèces au
iveau de la zone A (Fig. 3) suit rigoureusement le trajet des courants à partir de
la passe, c'est-à-dire le gradient de confinement. La même constatation a été fa 
e
chez la macrofaune benthique (1).Le peuplement phyto-planctonique présente
une variation temporelle de la richesse spécifique qui se caractérise par la domi-
nance des Dino?agellés durant la période novembre-juin. Cette configuration du
peuplement s’inverse en été avec dominance des Diatomées.
L'analyse de la carte de disper-
sion des espèces phy 
o-
niques (Fig. 4) dans les stations
étudiées, selon le plan fa 
l
formé par les axes F1 et F2 per-
met de dégager les constatations
ivantes :* L'axe F1 (26.38 %)
permet de distinguer deux types
de milieux selon un gradient de
continentalité : le milieu lagunai-
re et le milieu marin.* L'axe F2
(16.88 %) trace un gradient net de
la biodiversité dans l'ordre suiva 
t
des stations: 4, 6, 7, 5, 3 et 1.
Le dendogramme relatif aux
stations (Fig. 5) montre cinq
types de milieux :
Groupe I: regroupe deux stations
(S1 et S3) qui se caractérisent par
des espèces des milieux côtiers
notamment Dokinia lata, Hanzs-
chia amphioxys, etc. 
Groupe II: regroupe trois sta-
tions (S5, S6 et S7) qui se carac-
térisent par des espèces des
milieux côtiers et estuairiens
telles que Scenedesmus falcatus,
S. ra 
ro-spinosus, Biddulphia
aurita,, Melosira nummuloides, Alexandrium ostenfeldeii, Ceratium hexacan-
tum, C. longirostrum, Protoperidinium tuba... etc. 
Groupe III: constitué par une seule station (S8) qui se distingue par sa faible
richesse spécifique et par l’absence des efflorescences micro-algales.
Groupe IV: constitué par une seule station (S4) qui se caractérise parNitzschia
claussii, Trigonium sp2, Gonyaulax sp1 etProtoperidinium quinquicorne.
Groupe V: constitué par une seule station (S2) qui se caractérise par des
Diatomées Centriques et des Dino?agellés dont la présence est sporadique telles
que Bacteriastrum elangatum, Bellerochea malleus, Biddulphia pulchella, etc.
Conclusion et discussions
En général, le peuplement phytoplancto-nique de la lagune de Nador se
caractérise par l'absence des espèces typiquement et exclusivement saumâtres,
tandis que dominent les taxons qui sont capables de supporter les variations
considérables des facteurs ambiants. La variation spatiale de la richesse spéci-
fique s'établit selon un gradient décroissant de la passe vers la périphérie de la
lagune, c'est-à-dire en fonction du degré de confinement. En effet, plus on
s'éloigne de la passe, le nombre d'espèces ainsi que la production phytoplancto-
nique diminuent. Cette diminution s'explique par la frappe paralique qui affec-
te les espèces thalassiques brutalement importées dans le bassin lagunaire à
marée haute.
Références
1- Guelorget O. Perthuisot J. P., Frisoni G. F., Monti D., 1987. Le rôle du confinement dans
rganisation biogéographique de la lagune de Nador (Maroc). Oceanol. A 
a10 : 435-444.
2- Berraho A., Orbi A. et Dafir J., 1995. La lagune de Nador : Organisation, fonctionne-
ment et évolution. Rapp. trav.Doc. de l'Inst. Sci. Pêch. Marit., N° 85.
3- Dafir J., 1997. Application de la dynamique du phosphore à l’étude de l’organisation et
du fonctionnement des écosystèmes aquatiques : Gestion et préservation. Doctorat d’Etat
Univ. Hassan II, Fac. Sc. Ain Chock – Casablanca. 600p.
4- Lefebvre A., Guelorget O, Perthuisot J. P. et Dafir J, 1997. Evolution 20/ 2. 371-385.
5- El Madani F., 1998. Contribution à l’études capacités trophiques de la lagune de Nador.
Thèse 3e Cycle, Univ. Mohamed I – Oujda. 130p.
6- Guelorget O. Monti D., Frisoni G. F. et Perthuisot J. P., 1984. Diagnose écologique de
la lagune de Nador.Rapp. FAO. Rome, 52p.
7- Tolomio C., 1993. Courants de marée et communautés phytoplanctoniques du canal
delle Trezze (Lagune de Venise). Vie et milieu, 43 (1), 13-26.
COMPOSITION ET STRUCTURE DES COMMUNAUTÉS PHYTOPLANCTONIQUES 
DE LA LAGUNE DE NADOR (MAROC)
Faid Elmadani
1
*, Nadia Rharbi
2
, Mohamed Ramdani
3
et Adelatif Berraho
4
1
Centre Régional de Recherche Halieutique,. Zerktouni-Nador, Maroc - elmadanifaid@hotmail.com
2
Faculté des Sciences Ain Chock, département de Biologie, Casablanca, Maroc
3
Institut Scientifique, Départ. Zoologie et écologie animale, Rabat Agdal; 
4
Institut Natl de recherche Halieutique, Casablanca, Maroc
Résumé
Les prélèvements bimensuels du phytoplancton ont été effectués au niveau de huit stations durant la période 1996/97. Le nombre d’es-
pèces s’élève à 267 dans l’ensemble de la lagune, avec une répartition spatiale hétérogène, en grande partie reliée aux différents paramètres
physico-chimiques et hydrologiques du milieu. Ces paramètres sont à la base d’une mixture d’espèces franchement marines et d'espèces
inféodées aux milieux saumâtres. 
Mots clefs : Composition, Structure, Phytoplancton, Lagune de Nador, Maroc.
Fig. 1 : Situation
géographique et
morphologique 
de la lagune de
Nador
Fig. 2. Variations spatiale du nombre d'espèces
phytoplanctoniques
Fig. 3 : Répartition de la richesse
spécifique au niveau de la lagune
Fig.4. carte de dispersion constitué par
le plan factoriel F1xF2
g .5 
.Dendogramme regroupant les
stations en fonction de leurs affinités.