Rapp. Comm. int. Mer Médit., 36,2001
388
Introduction
L’étude du port de Djendjen constitue une partie de la phase IV du pro-
gramme “Bio-surveillance et Bio-indicateurs en milieux perturbés algé-
rien”. L’image fournie par la macrofaune benthique dans cette étude
constitue l’état zéro pour l’évaluation d’éventuels dommages qu’occasion-
nera l’essor prévu de ce port. 
Matériel et méthodes
36 stations (4-19 m) sont prospectées selon un quadrillage systématique,
dont 3 stations de références situées à l’extérieur du port.
L’échantillonnage de 0.25 m
2
de substrat (benne Van Veen) est réalisé à
bords du N/O M.S. Benyahiaentre le 30/06 et le 02/07/1997. La macro-
faune a subi un traitement classique. Des descripteurs numériques clas-
siques sont utilisés pour la caractérisation des entités faunistiques. l’indice
de diversité spécifique de Shannon et Weaver H (1) et à l’équitabilité E (2)
sont utilisés pour l’étude de l’équilibre numérique. L’ACP est entreprise à
la recherche des unités faunistiques.
Résultats 
259 espèces (82 familles et 160 genres) sont récoltées sur les fonds
meubles prospectés. Les Polychètes (48.26 %), les Crustacés (29.73 %) et
les Mollusques (11.58 %) conditionnent la structure systématique. La
décomposition de celle-ci révèle l’importance des Ariciidae, des
Cirratulidae, des Capitellidae, des Spionidae et des Maldanidae qui four-
nissent 67.61 % des Sédentaires et 36.1 % des Polychètes. Une biomasse
moyenne de 3.166 g.pslc/m
2
± 2.087 est mesurée pour une densité moyen-
ne de 1151.9 ind./m
2
± 947.1. L’équitabilité (017-097) et l’indice de
Shannon (1.21-5.87) traduisent un état d’équilibre numérique avancé. Les
espèces pivots sont caractéristiques des zones de déséquilibre. On retrouve
Lumbrineris latreilli, Heteromastus filiformis, Nuculana pella, Tellina pul-
chella.Néanmoins, Abra albaet Audouinia tentaculata, espèces opportu-
nistes, occupent une place appréciable au sein de cette macrofaune. Ces
espèces sont classées préférentielles alors que Capitella capitata, opportu-
niste d’ordre 1, figure à la limite des espèces préférentielles-espèces
accompagnatrices. Les sabulicoles (22 %) et les indicatrices de perturba-
tion (21%) conditionnent la structure de la macrofaune sur le plan biocé-
notique alors que sur le plan trophique cette structuration est assurée par
les déposivores de surface (28.26 %), voire les suspensivores. L’analyse en
composantes principales dégage quatre groupes faunistiques (fig.1):
Fig.1: Analyse en composantes principales sur les plans des axes fac-
toriels I et II
roupe I :composé de 26 espèces à fortes disparités numériques. Les plus
importantes sont Chaetozone setosa, Amphipholis squamata, Iphinoë tenel-
la, Phascolosoma granulatum, Capitomastus minimus, Bodotria scor-
pioïdes, Glycera lapidum, G. convoluta, G. capitata, Apseudes spinosus,
Tellina pulchella, Lumbrineris coccinea, L. latreilli, Heteromastus fil 
r-
s. Ce groupe, fortement dive 
fié, est à grande hétérogénéité quantitati-
ve. En outre, l’essentiel des groupes systématiques, écologiques et tro-
phiques identifiés sur les fonds meubles du port de Djendjen y sont repré-
sentés. Cette situation suggère un caractère transitoire de cette macrofa 
.
Groupe II : 9 espèces à très forte variabilité numérique spatiale compo-
sent ce groupe. Cette variabilité est clairement exprimée par les niveaux
d’abondance d’Abra alba, Corbula gibba, Dosinia lupinus, Nucula tenuis,
N. nucleus, Spisula subtruncata, Sternaspis sucutata, Mediomastus sp. et
Lumbrineris impatiens. La tendance au sein de ce groupe est aux Bivalves
et aux déposivores de surface. On y enregistre la cohabitation entre espèces
de milieux enrichis en matières organiques (Corbula gibba, Abra albaet
Mediomastus sp.) qui sont connues pour leurs larges potentialités écolo-
giques et les espèces caractéristiques de zones subnormales (Dosinia lupi-
nus, Lumbrineris impatiens). Ce serait aussi le groupe des sabulicoles. A
l’interface des groupes I et II, s’individualisent six espèces (Ophiura tex-
turata, Nuculana pella, Lumbrineris latreilli, Glycera capitata, G. rouxii et
Trichobranchus glacialis). 
Ce cortège serait un groupe de transition entre les éléments très hétéro-
gènes du groupe I et ceux présentant une tendance aux espèces de zones de
déséquilibre du groupe II.
Groupe III : Groupe des vasicoles indicatrices de pollution avec quatre
Polychètes : Audouinia tentaculata, Tharyx marioni, Capitella capitata
type 2 et Pectinaria koreniassociées à l’Echinoderme Amphiura chiajei;
espèces signalées parmi les espèces clés en milieux perturbés (3, 4). 
Groupe IV : limité au Cardidae Acanthocardia echinataet à l’Amphipode
Bathyporea guillamsoniana.
Les deux premiers axes réunissent les espèces des groupes I et II au pôle
positif, avec une forte contribution d’H. filiformisà l’axe I, Capitellidae
vasicole indicateur d’instabilité perturbation. Le groupe I correspondrait à
un peuplement à diversité modérée qui aurait pu s’installer après un état de
stress du milieu et dans lequel subsisterait ces espèces. H. filiformisespè-
ce caractéristique des ports algériens (4, 5) est présente au port de Djendjen
avec le plus fort indice biologique et la seconde fréquence après
Lumbrineris latreilli. Ce serait une espèce pivot autour de laquelle s’est
organisée la macrofaune. 
Discussion
Le macrozoobenthos du port de Djendjen présente toutes les caractéris-
tiques d’une faune de transition. On assiste au niveau de ce port à la mise
en place d’une macrofaune de zones de déséquilibre ou subnormale avec
le chevauchement entre entités caractéristiques d’une part de milieux per-
turbés sur fonds de vases enrichis en matières organiques et celles habi-
tuellement rencontrées sur des fonds de sables. Le lessivage continu des
sédiments de surface, du fait de la position centrale du port dans le golfe
qui l’expose aux courants convergents, expliquerait dans une large partie
l’instabilité sédimentaire qui y règne. Celle-ci aurait pour conséquence
directe l’absence d’un schéma classique de distribution des espèces dans
les milieux portuaires confinés et perturbés par excellence. 
Références 
1- Shannon C.E., Weaver W., 1963. The mathematical theory of communica-
tion. Urbana University Press, Illinois : 117.
2- Pielou E.E., 1966. Species-Diversity and Pattern-Diversity in the study of
ecological succession. Journ. Theor. Biol., 10 : 370-383.
3- Hily C., 1984. Variabilité de la macrofaune benthique dans les milieux
hypertrophiques de la rade de Brest. Thèse de Dosctorat Es-Sciences., U.B.O.,
Brest (France), 377 pp. 
4- Grimes S., 1998 . Fluctuations numériques des espèces leaders au sein de la
macrofaune benthique des ports algériens. IAEA-SM-354: 145.
5- Grimes S., 1998 . Modèles de distributions des peuplements macrozooben-
thiques des fonds meubles des ports algériens. IAEA-SM-354 : 144.
ETAT DE REFERENCE DE LA MACROFAUNE BENTHIQUE DU PORT DE DJENDJEN 
(ALGERIE ORIENTALE)
Grimes S.* et Gueraini C.
Laboratoire des Ecosystèmes Benthiques, ISMAL, Sidi-Fredj, Alger,Algérie
Résumé
L’organisation du macrozoobenthos du port de Djendjen offre la possibilité d’établir l’image de référence d’un peuplement portuaire à
l’abri des altérations classiques propres à ces milieux. L’activité réduite, son caractère récent, sa position centrale dans le golfe de Jijel,
son faible confinement et l’absence de rejets à l’intérieur du port ont favorisé l’installation d’une macrofaune riche, diversifiée, dense et
fortement équilibrée. Le port de Djendjen présente les caractéristiques d’un milieu en transition entre un état original à structure
faunistique bien structurée et un début de déstructuration liée à certaines espèces telles que Heteromastus filiformis,Lumbrineris latreilli
ou Corbula gibba.
Mots clés : Bio-indicateurs, Pollution, Zoobenthos, Western Mediterranean