Rapp. Comm. int. Mer Médit., 36,2001
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ELEMENTS DE REPRODUCTION DE L’OURSIN PARACENTROTUS LIVIDUS
(LAMARCK, 1816) DANS LE GOLFE DE TUNIS
F. Sellem*, H. Langar et A. El Abed
Institut National des Sciences et Technologies de la Mer (I.N.S.T.M), Salammbô, Tunisie - feriel.sellem@instm.rnrt.tn
Résumé 
L’étude du cycle reproducteur de Paracentrotus lividusdans le golfe de Tunis au cours de la période allant de septembre 1993 à août 1994
a mis en évidence une ponte très étalée dans le temps avec des émissions gamétiques se produisant à partir du mois de février correspondant
à la fin de l’hiver pour se terminer au mois d’août soit en début d’automne.
Mots clés : Mediterranean ridge – Echinodermata – reproduction.
Introduction
Dans le monde il existe cinq espèces d’oursins exploitées et com-
mercialisées et dont la production moyenne ne cesse de décliner
depuis quelques années (1). En Méditerranée l’exploitation ne concer-
ne que Paracentrotus lividuset n’est intensive que dans le secteur
Nord Occidental du bassin. Dans les pays du sud de la Méditerranée,
la pêche et la consommation de cette espèce restent plutôt tradition-
nelles et locales. De nos jours plusieurs investisseurs de la rive nord de
la Méditerranée essayent de s’implanter dans la partie sud du bassin
méditerranéen afin d’exploiter cette ressource. Devant cette situation
et pour rationaliser l’exploitation de cette espèce sans pour autant
entraîner une dégradation du stock, le besoin de connaissance de la
biologie de l’espèce dans son milieu se fait ressentir. Dans ce contex-
te, le présent travail est réalisé traitant d’un aspect de la biologie de
l’oursin à savoir sa période de reproduction.
Matériel et méthodes
L’étude a été réalisée dans la région sud-est du golfe de Tunis, répu-
tée par l’existence d’une pêche artisanale aux oursins. Mensuellement,
durant une année de septembre 1993 à août 1994, une centaine d’our-
sins a été récoltée au hasard, par plongée autonome, dans un site dont
le fond est recouvert d’un herbier de posidonies, et par une profondeur
ne dépassant pas les 3 mètres. Les différents compartiments de l’our-
sin (gonades, contenu digestif et test) ont été séparées puis pesés après
un séjour de 48 heures dans une étuve thermostatée à 60°C. Les sexes
ont été déterminés selon la couleur des glandes génitales.
L’observation microscopique a été utilisée à cette fin en cas de doute
dans la détermination du sexe. Le cycle reproducteur a été étudié par
observation macroscopique et par analyse des variations de l’indice
gonadique IG, défini comme étant le rapport entre le poids sec des
gonades (g) et le poids total sec (g) le tout exprimé en pourcentage (2,
3). L’IG a été calculé uniquement pour les individus différenciés. Une
étude préliminaire ayant montré une même évolution des IG chez les
mâles et chez les femelles, la présente étude a traité des IG en tenant
compte de l’ensemble des individus différenciés indépendamment des
sexes. 
Résultats et discussion
L’ 
vation macroscopique des gonades d’oursins (couleur,
aspect, texture et volume) a permis de mettre en évidence 4 stades
illustrant les principales étapes de la gamétogenèse : 
1 – stade 1 : la gonade est filiforme peu discernable et de couleur clai-
re. Ce stade existe chez les jeunes oursins qui sont pour la plupart
encore indifférenciés et dont la taille ne dépasse pas les 35 mm.
2 – stade 2 : les gonades sont fermes et discernables par la couleur,
elles prennent alors une teinte jaune orange et orange mandarine ; ce
stade s’observe pendant la période de croissance des gonades.
3 – stade 3 : les gonades sont plus développées que celles du stade pré-
cédent et bien plus discernables par la couleur. Elles sont caractérisées
par d’abondantes émissions gamétiques spontanées à partir des pores
génitaux.
4 – stade 4 : les gonades sont petites, minces, ?asques et visqueuses.
Cet état s’observe en fin de ponte durant la période de résorption des
gonades. Lors de cette période les oursins ayant déjà subi une matura-
tion présentent des gonades de couleur brune ou rouge sombre.
L’évolution annuelle de l’IG montre des variations de grandes
amplitudes (figure 1). La valeurs minimale est enregistrée en octobre
et la valeur maximale en avril. L’indice gonadique montre un accrois-
sement régulier à partir de décembre jusqu’en février.Au mois de mars
la valeur de l’IG diminue significativement se traduisant par une émis-
sion des produits sexuels. En avril l’IG augmente considérablement
une seconde fois pour atteindre un pic. La chute brutale de l’IG en mai
évoque la présence d’une ponte plus importante que celle du mois de
mars. Pendant la période allant de juin à août l’IG subit une autre bais-
se indiquant une ponte estivale.
Le cycle de reproduction de Paracentrotus lividusdans le golfe de
Tunis est donc caractérisé par une période de ponte très étalée débu-
tant en février-mars se poursuivant en mai-juin et s’achevant en août
septembre. La plupart des travaux relatifs à la reproduction de l’espè-
ce en Méditerranée (2, 4, 5, 6) rapportent que l’espèce présente géné-
ralement deux périodes de ponte par année. Toutefois il est à noter que
ces pontes ne sont pas synchrones d’une région à une autre et sont pro-
bablement liées aux conditions environnementales dans lesquelles
vivent ces organismes. 
Références
1 - F.A.O., 2000. F.A.O. yearbook. Fishery statistics. Capture production.
Vol. 86/1. Rome, 713 p.
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3 - Byrne M., 1990. Annual reproductive cycles of the commercial sea
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tuberculatus (Echinides) à Villefranche-sur-mer.Vie et MilieuA, 19 (1) :
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5 - Lozano J., Galera J., Lopez S., Turon X., Palacin C. et Morera G.,
1995. Biological cycles and recruitment of Paracentrotus lividus
(Echinodermata : Echinoidea) in two contrasting habitats. Mar. Ecol.
Prog. Ser., 122 (1-3) : 179-191.
6 - Guettaf M., San Martin G.A. et Francour P., 2000. Interpopulation
variability of the reproductive cycle of Paracentotus lividus
(Echinodermata : Echinoidea) in the south-western Mediterranean.
J. Mar. Biol. Ass. U.K., 80 : 899-907.
Figure 1 : Variations mensuelles de l’indice gonadique moyen
de Paracentrotus lividus.
(les barres verticales correspondent à
l’écart type).